vendredi 22 octobre 2010
Dissuasion monétaire
Les ministres des Finances des pays membres du G20 vont se pencher demain et samedi sur l'explosif dossier des taux de change. C'est une excellente nouvelle, alors que les déclarations alarmistes sur l'imminence d'une guerre des devises ne faiblissent pas. Faut-il en attendre beaucoup ? La réponse est non. D'abord, parce que ce genre de sujet se traite rarement dans des cercles aussi larges. Ensuite et surtout, parce que les pays qui détiennent les clefs du problème n'ont rien à y gagner. Ni la Chine ni les Etats-Unis n'ont en effet un quelconque intérêt à voir leur monnaie s'apprécier. Bien au contraire.
Pour autant, cette réunion n'aura pas été inutile si, comme c'est probable, elle permet de maintenir le statu quo. C'est-à-dire si elle permet de dissuader les membres du G20 de joindre le geste à la parole en se lançant dans des actions unilatérales visant à empêcher la réévaluation de leur devise. Ce ne serait déjà pas si mal, puisque le déclenchement des hostilités monétaires provoquerait en retour une guerre commerciale mondiale à laquelle personne n'a rien à gagner. Le problème pour nous, Européens, c'est que cela ne sera pas suffisant. Car le maintien de cet « équilibre de la terreur » se fait à nos dépens. Sans rebond orchestré du billet vert, pas d'accalmie sur l'euro. Ce n'est donc pas demain que la parité euro-dollar reviendra vers 1,30 ou 1,20. Dans un tel contexte, il est même fort probable que le seuil de 1,40 dollar sera rapidement débordé. Pour l'économie de la zone, c'est donc la promesse d'un nouveau choc. A écouter les grands groupes exportateurs, son impact est déjà sensible sur leur activité. Après la divine surprise du printemps, quand la monnaie unique a plongé sous 1,20, certains évoquent déjà la douche froide de l'automne.
Pas étonnant dans ces conditions que les regards se tournent vers la Banque centrale européenne, dont le silence sur le sujet suscite une incompréhension grandissante. Certes, on le sait, le pilotage du taux de change de l'euro ne fait pas partie des missions confiées à la BCE. Et, celle-ci ne s'en est jamais vraiment souciée, allant même à l'été 2008 jusqu'à relever ses taux, alors que l'euro flirtait avec ses plus hauts historiques autour de 1,60. Mais c'était une autre époque. Depuis, la crise économique et financière est passée par là, révélant au grand jour les lacunes des pays les plus faibles de la zone euro, les fameux PIIGS. Aujourd'hui, la question est de savoir si ces économies malades engagées dans des cures d'austérité drastiques auront les moyens d'encaisser un nouveau choc, de compétitivité cette fois-ci. Rien n'est moins sûr.
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