TOUT EST DIT

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vendredi 22 octobre 2010

Vu de la planète

Il suffit souvent de mettre le nez hors de France pour relativiser l’enjeu des grands conflits sociaux qui s’y déroulent. En Afrique, la majorité de la population vit dans la pauvreté. En Chine, en Inde ou en Amérique latine, les systèmes publics de protection sont inexistants ou balbutiants. Dans les pays voisins d’Europe, l’État providence à la française est connu pour ses capacités redistributives. Vue du monde entier, la France est un pays riche où il fait plutôt bon vivre.


Les images qui circulent ces derniers jours à travers la planète télévisuelle confortent toutefois une autre perception, celle d’une société bloquée. Les jeunes encagoulés et les voitures brûlées à Lyon ont renvoyé l’opinion internationale au souvenir prégnant de la crise urbaine de 2005, il y a tout juste cinq ans. Lorsque des cités s’embrasaient les unes après les autres, le constat s’est imposé avec force chez de nombreux observateurs étrangers : la France ne parvient pas à intégrer ses populations marginalisées, notamment celles d’origine immigrée ; elle n’offre plus une mobilité sociale susceptible de répondre à l’insatisfaction d’une partie de la population. C’est l’image d’un pays inégalitaire qui s’impose alors. Et c’est sans doute le sentiment que l’injustice se creuse un peu partout en Europe qui a conduit des intellectuels et des syndicalistes, en Italie et en Angleterre notamment, à saluer le mouvement de protestation dans notre pays.


Le regard du monde sur la France n’est bien sûr qu’une considération marginale pour les salariés et les jeunes en colère. Par ailleurs, les grèves n’altéreront sans doute que très faiblement les décisions des investisseurs étrangers qui doivent choisir une implantation en Europe et qui connaissent les avantages comparatifs de l’Hexagone sur de nombreux autres points. Elles ne pèseront guère plus dans le choix des touristes désireux de venir visiter les merveilles du patrimoine français. Mais dans un monde où les rapports de force sont de moins en moins guerriers et davantage fondés sur l’influence – donc sur l’image –, la capacité des Français à se diviser provoque de nouveau une grande perplexité.

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