TOUT EST DIT

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vendredi 17 septembre 2010

Déremboursements indolores

c'était à prévoir. A peine dévoilé hier par « Les Echos », le projet d'économies sur les dépenses d'assurance a suscité l'indignation de ceux qui y voient une nouvelle étape dans le désengagement de la Sécurité sociale. Les déremboursements envisagés sont, pour les uns modérés dans leur ampleur, pour les autres justifiés dans leur principe. Le léger coup de rabot consistant à enlever un demi-point aux taux de remboursement de l'assurance-maladie rapportera d'ailleurs si peu que cela conduit à se demander si, pour le risque pris, le mieux ne serait pas d'y aller plus franchement. Quant à la baisse de cinq points du taux de 30 %, elle s'inscrit dans une saine gestion qui conduit la Sécurité sociale, en assureur avisé, à couvrir moins les médicaments les moins efficaces. Nous pouvons le déplorer comme malades, pas comme cotisants.

Il reste que, une fois encore, nous aurons la conviction de voir la couverture maladie se rétrécir. Car depuis une quinzaine d'années, c'est vrai, la prise en charge des « petits soins », des maladies ordinaires, des traitements de confort ne cesse de se dégrader. Le syndrome des jambes lourdes est devenu un luxe pour la Sécurité sociale. Mais ne plus voir que cela, c'est oublier que celle-ci ne mégote jamais dès lors qu'il s'agit de couvrir une pathologie lourde ou un compatriote sans le sou. Comme, pour des raisons médicales et sociales, la population prise en charge à 100 % ne cesse de s'étendre, notre système demeure, globalement, l'un des plus généreux au monde.

Publiés hier, les comptes nationaux de la santé 2009 le montrent bien : depuis 1995, la part prise en charge par le système public est restée remarquablement stable. En dépit des déremboursements, forfaits et franchises, la Sécurité sociale paie toujours plus des trois quarts de nos dépenses de santé. Ce qui en fait l'une des plus généreuses de tout l'OCDE. Après intervention des mutuelles et assureurs, les ménages n'y laissent pas plus de leur poche qu'il y a quinze ans.

Avec 10 milliards d'euros de déficit annuel, l'arme du déremboursement peut être utilisée sans risque de changer le modèle social. A condition de ne pas oublier que c'est la maîtrise des dépenses de santé qui, au premier chef, permet de maintenir un bon niveau de couverture maladie.




Jean-Francis Pecresse

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