TOUT EST DIT

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vendredi 18 juin 2010

18 juin 1940

Le mois de juin est splendide. Mais la déroute bat son plein. Alors s'ouvre, en France, le terrible débat : poursuivre le combat ou demander l'armistice. Tout s'effondre, en effet. Paris se vide. Le président de la République, Albert Lebrun, et le gouvernement quittent la capitale pour Tours, puis Bordeaux. L'Italie déclare la guerre à la France. La Norvège capitule. Le 14, les Allemands entrent effectivement dans Paris et, tous les jours désormais, ils défileront sur les Champs-Élysées, musique en tête. Des Français désespérés se suicident.

Conformément au pacte secret qui liait Hitler et Staline, l'Armée rouge envahit les Pays baltes et les annexe à l'URSS. Cependant, De Gaulle est entré au gouvernement. Il est envoyé à Londres où Churchill lui demande de transmettre au gouvernement français son projet de fusion des États français et britannique. Revenu à Bordeaux pour faire signer ce nouveau traité, il apprend la démission du président du Conseil, il n'est plus ministre.

Le 17 juin, le maréchal Pétain s'adresse à la France : « C'est le coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat ! »

« Pétain démobilise ainsi tout ce qui reste d'énergie dans les armées. Combien pensent que, tout étant fini, ils pouvaient déposer les armes, laissant le champ libre à l'envahisseur ? », écrit Maurice Druon (1).

Mais, le même jour, à la Chambre des communes, Churchill analyse en détail la situation militaire. Il précise : « Nous ignorons encore ce qui se passera en France et si la résistance française se prolongera sur le sol de France et dans l'empire. Le gouvernement français va laisser filer de grandes occasions et compromettre l'avenir de la France s'il ne continue pas la guerre, conformément au traité dont nous n'avons pas cru devoir le délier... »

« Que voulons-nous ? Combattre ! »

« Quoi qu'il advienne, nous ne renierons jamais la fraternité qui nous unit au peuple français... La bataille de France a pris fin. Je m'attends à ce que la bataille d'Angleterre commence : si nous parvenons à tenir tête à Hitler, l'Europe tout entière recouvrera un jour sa liberté... Rassemblons donc nos forces au service de nos devoirs... Si l'empire britannique dure mille ans encore, les hommes pourront dire encore et toujours : ce fut leur plus belle heure ! » Telle était la différence entre le gouvernement anglais et le gouvernement français.

En réponse à la déclaration du maréchal Pétain, le général de Gaulle, revenu à Londres, lance son appel du 18 juin : « Nous avons perdu une bataille... Nous n'avons pas perdu la guerre... J'invite les officiers et les soldats français (...) les ingénieurs et les ouvriers spécialisés (...) à me rejoindre... »

Peu de Français entendirent cet appel. Peu nombreux furent ceux qui, dès le début, y répondirent. Mais les passionnés de la France, de sa grandeur, de son indépendance, ceux-là, instinctivement, firent le pas aussitôt. Beaucoup d'entre eux n'avaient pas 20 ans. Tandis que les sages réfléchissaient, ils s'engageaient avec la fougue et l'ardeur de leur jeunesse.

C'était l'inconnu pour tout le monde et le danger pour ceux qui entreprenaient un combat d'une toute nouvelle nature. « Que voulons-nous ?, disait De Gaulle. Combattre. C'est une guerre mondiale et totale qui s'annonce. » Par sa force d'âme, sa clairvoyance, sa foi dans la patrie, un général deux étoiles au nom prédestiné allait révéler ces nouveaux combattants à eux-mêmes et au monde.

Cependant, l'occupation commençait pour quatre ans. Mais, envers et contre tout, se levait une France combattante pour construire une France libre, galvanisée par un De Gaulle qui entrait dans l'histoire et allait mettre la France au rang des vainqueurs.

(1) C'était ma guerre, ma France et ma douleur, de Maurice Druon, Éditions Plon.

(2) 1940, de l'abîme à l'espérance, de Max Gallo.

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