vendredi 18 juin 2010
L'unité... la serpe et le tournevis
Enfin une manifestation d'unité européenne, du moins sur la taxation des banques et sur leur transparence grâce à des « tests de solvabilité » rendus publics. De même, ressusciter la vieille idée de la « taxe Tobin » sur les transactions financières internationales montre que l'UE parlera d'une seule voix au G20 à Toronto. Avec, il est vrai, peu de chances de voir l'idée aboutir... Ne s'agissait-il que de rassurer les marchés sur la crédibilité de l'UE, de l'euro et de quelques États dont l'Espagne ? Ce qui a été arrêté hier à Bruxelles ne représente que la partie émergée d'un iceberg qui, progressivement remontera à la surface, glaçant les espoirs d'une relance politique des économies. Ainsi, tout en présentant d'ambitieux projets pour 2020 - en sachant que l'« agenda de Lisbonne » 2000-2010 n'a pas été réalisé - la Commission cite en préalable le « rétablissement de la confiance ». Ou, en langage moins diplomatique, l'instauration d'une nouvelle discipline budgétaire que devront respecter les États membres. Une discipline synonyme de rigueur sous des modalités encore à définir. Mais la tour de contrôle sera à Bruxelles, dans les immeubles de la Commission, et surveillera indifféremment les pays de l'euro (bientôt 17 avec l'Estonie) et les autres. Quel succès pour Angela Merkel ! Il n'y aura pas de gouvernance de la zone euro mais une gouvernance globale de l'UE. On ne touchera pas au fonctionnement de l'euro et à l'indépendance de la Banque centrale de Francfort. La politique monétaire restera figée telle que définie au siècle dernier, et ne tolérera plus aucun écart sous peine de sanctions. Les conséquences sont prévisibles : en se privant d'un « outil » économique - et la monnaie en est un - il faudra utiliser ceux qui restent, essentiellement la serpe pour tailler dans les dépenses et le tournevis fiscal, partout dans l'UE. Sans oublier d'autres mauvaises surprises. Par exemple, il serait étonnant que les banques fassent cadeau à leurs clients de la taxe dont elles devront s'affranchir... Certes, il ne s'agit encore que d'intentions floues puisque les surveillances annoncées restent à préciser. Mais d'ores et déjà ces modalités signifient l'attribution de nouveaux pouvoirs, ou de nouveaux moyens de coercition, à la Commission sous le contrôle - il faut l'espérer - du Parlement européen. Et comment réagiront les parlements nationaux quand il faudra soumettre un projet de budget pour approbation à une instance qui n'est encore que bureaucratie et pas gouvernement fédéral ? Quelle sera l'attitude des États tancés et peut-être coupés de subventions car pris en faute ? A la crise financière et économique pourraient bien succéder des crises politiques...
Jean-Claude Kiefer
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