TOUT EST DIT

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mercredi 26 mai 2010

L'Europe coincée entre rigueur budgétaire et croissance

Tandis que les plans d'austérité se multiplient en Europe, le doute s'instaure sur la capacité des Etats à réduire leurs déficits. Pour certains, il est trop tôt pour s'engager dans des politiques de rigueur, qui risquent d'étouffer la reprise.
Les gouvernements ne savent plus quoi faire pour satisfaire des marchés financiers capricieux. Après avoir mis sur pied, non sans mal, un système de soutien de 750 milliards d'euros destiné aux pays de la zone euro en difficulté, ils se sont lancés à corps perdu dans des programmes d'austérité massifs pour démontrer leur capacité à maîtriser leurs finances publiques et à réduire rapidement leur endettement. Dans la foulée de la Grèce qui a dû annoncer, début mai, un plan d'économies de 30 milliards d'euros, l'Espagne s'est engagée sur un programme d'assainissement budgétaire de 65 milliards d'euros sur trois ans, l'Italie a décidé de réduire ses dépenses publiques de 27 milliards d'euros en 2011 et 2012 et le Royaume-Uni vient de décider de réaliser 7 milliards d'euros d ‘économies cette année. Ces décisions devraient être suivies de bien d'autres si tous les Etats membres lourdement déficitaires de la zone euro tiennent leur promesse de ramener leur déficit public sous la barre des 3 % de PIB à l'horizon 2013.
Des situations inégales

Ces objectifs sont-ils tenables ? C'est la question qui hante désormais les investisseurs et les gouvernements. Car, à trop vouloir jouer les vertueux, c'est la croissance qui pourrait être la prochaine victime de la crise de la zone euro. Or, sans croissance, pas de consolidation budgétaire durable, mais à coup sûr une explosion du chômage que les Etats se sont évertués à contenir ces derniers mois. « La voie est étroite, mais elle existe », assure Frédérique Cerisier, économiste à BNP Paribas. La solution au problème passe, selon elle, par un délicat distinguo entre les situations budgétaires des Etats membres de la zone euro. « Dans les pays où la situation financière est très dégradée, comme la Grèce, il est indispensable de freiner le plus vite possible l'effet d'emballement de la dette, y compris au prix de la croissance », explique-t-elle. Mais, dans bien d'autres pays, poursuit-elle, la dette est moins élevée, la situation budgétaire mieux orientée, les perspectives de croissance plus fortes. « Là, il n'y a pas d'obligation à agir vite, surtout si l'on a fixé, à plus long terme, le cap d'un rééquilibrage des finances publiques. » Ainsi l'austérité ne s'emparerait pas de l'ensemble de la zone euro, alors que les perspectives de croissance sont faibles, généralement situées autour de 0,9 % cette année et de 1 % l'an prochain.

L'autre élément d'optimisme, selon les économistes, c'est la dépréciation de la monnaie unique, moteur possible de la croissance européenne au cours des prochains mois. On sait qu'un euro qui se stabiliserait à 1,20 dollar pendant un an - soit une baisse de 10 % -provoquerait un surplus de 0,5 point de croissance dans la zone euro. Un chiffre à rapprocher du coût estimé des plans d'austérité déjà annoncés par les gouvernement de la zone euro : de 0,6 à 0,7 point de croissance. « Au total, résume Cédric Thellier, de Natixis, les effets positifs de la baisse de l'euro compenseraient quasiment l'impact récessif des plans de rigueur annoncés. » La prudence reste toutefois de mise, car il n'est pas exclu non plus que les mesures d'austérité budgétaire n'engendrent une nouvelle période de récession en Europe.


CATHERINE CHATIGNOUX, Les Echos

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