TOUT EST DIT

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mercredi 26 mai 2010

La réorganisation de l'Insee inquiète les syndicats

Rendez-vous en terrain neutre. Ou presque. Mercredi 26 mai, la direction et les organisations syndicales de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) doivent se retrouver autour d'une même table dans les locaux du ministère de l'économie.

Pourquoi Bercy ? Parce que c'est le ministère de l'économie qui exerce la tutelle sur l'Insee. Et parce que, selon les syndicats de l'institut (CGT, CFDT, FO, Sud), le dialogue social est au point mort dans la maison : c'est donc vers cette tutelle qu'ils expliquent avoir dû "se tourner" et demander l'organisation de ce rendez-vous pour avoir une "vraie discussion de fond".
Or, entre une forte réduction budgétaire en cours, un projet de réorganisation des directions régionales qui s'amorce et la poursuite d'un projet de création d'un nouveau pôle à Metz qui a déjà fait couler beaucoup d'encre et dont le coût leur apparaît "faramineux", les sujets "de fond" ne manquent pas, selon les organisations syndicales. Et, au-delà, "les inquiétudes pour la qualité des travaux" de l'Insee, ajoutent-elles.

"Est-ce que l'on veut une statistique publique indépendante et de qualité, et disposant donc de moyens adéquats ? C'est ça la question derrière tout ça", relève Ludovic Bourlès, représentant de la CGT, le syndicat majoritaire à l'Insee.

Sollicitée sur tous les points qui suivent, la direction de l'Insee n'a pas répondu.

* Rigueur

La direction de l'Insee a engagé cette année un plan de réduction des dépenses de fonctionnement de 25 % par rapport à 2009, expliquent les syndicats, qui chiffrent ce plan à quelque 18 millions d'euros. Mais, selon leurs informations, ce sont quelque 3 millions d'économies seulement qui auraient été engagés à ce jour. "Il est évident que l'on n'y arrivera pas, sauf à sabrer vraiment et donc à entamer la qualité de nos travaux", avance M. Bourlès.

L'intersyndicale considère que les économies déjà engagées ont commencé à écorner cette qualité. A l'appui, les syndicats produisent un document de la direction relatif aux enquêtes réalisées auprès des ménages (celles qui portent sur l'emploi, les loyers, le budget famille, le patrimoine...).

Daté de début mars, intitulé "Protocole allégé pour la préparation et le suivi de la collecte des enquêtes", il détaille la mise en place de "nouvelles dispositions", liées à la "période actuelle de rareté des crédits de fonctionnement".

"Ces nouvelles dispositions représentent une diminution des actions de préparation et de contrôle", explique d'emblée le document, qui évoque ensuite une réduction des actions de formation et d'accompagnement des enquêteurs, ou l'abandon des relances de sondés par l'envoi de lettres en recommandé.

* Réorganisation

Un projet de "regroupement des travaux dans les directions régionales" doit être présenté lors d'un Comité technique paritaire le 1er juin. Il portera sur les années 2010-2015, selon les syndicats pour qui la direction "veut recentrer sur quelques grandes directions régionales, au détriment des plus petites".

"On va faire une croix sur trois directions régionales sur quatre, même si officiellement ce n'est pas le projet", relève Ludovic Bourlès qui estime que "là aussi, il y a un risque pour la qualité de travaux".

* Relocalisation

Dans ce contexte, la poursuite du projet d'ouverture d'un "pôle statistique" à Metz a encore plus de mal à passer. Ce projet, dont le coût a été estimé à 200 millions d'euros, avait provoqué un fort mouvement de contestation à l'Insee après sa présentation fin 2008. Aujourd'hui, "avec les coupes dans le budget de fonctionnement", il devient "incompatible" avec la situation de l'Insee, considèrent les organisations syndicales.

Ce "pôle" doit rassembler 625 personnes issues de l'Insee, plus 125 venant des services du ministère de l'économie. Il regroupera notamment toute les statistiques sociales et locales (chiffres relatifs à l'emploi notamment), un centre téléphonique pour les enquêtes, l'informatique de production...

Les syndicats y voient, là encore, un déficit potentiel pour la qualité des prestations. "On risque de casser quelque chose qui fonctionne, malgré tout. Car ce pôle c'est 500 postes délocalisés – et tout le monde ne suivra pas – et 125 postes nouveaux. C'est aussi, en centralisant ainsi, se couper des liens locaux au niveau des départements", souligne Ludovic Bourlès.

Fin avril, la direction de l'Insee a annoncé que ce pôle sera installé dans les anciens locaux de la direction régionale de la SNCF, à Metz. Compte tenu des travaux nécessaires, l'Institut devra toutefois d'abord louer des locaux. Les premières arrivées de personnels sont prévues fin 2010.
Philippe Le Coeur

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