TOUT EST DIT

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mercredi 26 mai 2010

Retraites : Sarkozy dénonce les années Mitterrand

Devant des militants UMP, le chef de l'État a fustigé le passage à la retraite à 60 ans.
L'argument a évidemment fait mouche devant les militants UMP de l'Oise. «Vous savez quand on pense à ce qu'a fait François Mitterrand en ramenant l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 60 ans ! On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu.» En faisant ce simple rappel historique mardi à Beauvais, Nicolas Sarkozy a pris toute sa place dans la réforme des retraites en cours d'élaboration. Silencieux jusqu'à présent, le président a profité d'une réunion à huis clos, au Palais des sports de la préfecture de l'Oise, en présence de 1 200 militants ravis, pour se lâcher.
Certes, le chef de l'État s'est bien gardé de rentrer dans les détails d'une réforme qu'il a confiée à son ministre du Travail, Éric Woerth. Le maire de Chantilly, présent à la tribune, a d'ailleurs eu droit à un hommage appuyé pour son son «professionnalisme». Il a également chaudement remercié le député de l'Oise et patron des fédérations de l'UMP Édouard Courtial. Mais Nicolas Sarkozy n'a pas voulu rater l'occasion de répliquer au PS. Martine Aubry ne vient-elle pas d'annoncer qu'elle rétablirait la retraite à 60 ans si le gouvernement l'abrogeait ? Du coup, le chef de l'État a brandi l'épouvantail Mitterrand en rappelant en creux que la retraite à 60 ans pour les hommes et à 55 ans pour les femmes figurait au 82e rang des 110 propositions du candidat socialiste de 1981.

Après la prudence des premières semaines, l'exécutif semble décidé à politiser l'enjeu. Au moment où Xavier Bertrand présentait ses pistes pour réformer les retraites, le président a lancé un argument qui devrait faire florès parmi les ministres et les dirigeants UMP. Pour faire bon poids bonne mesure, il a remis le couvert sur les 35 heures : «Cela irait nettement mieux si les socialistes n'avaient pas fait les 35 heures.»

En réalité, Sarkozy est très satisfait de la tournure du débat sur les retraites. «Les Français sont râleurs, parfois bougons. Mais en même temps ils sont lucides, intelligents et responsables. Ils sauront reconnaître qu'il n'y a pas d'autre alternative à nos réformes», a-t-il dit aux militants UMP. À la sortie de la réunion, Élodie Gossuin, ex-Miss France ralliée à l'UMP, ne tarissait pas d'éloge sur le «courage politique» du président : «Heureusement qu'on l'a dans cette période de crise !»

Car Nicolas Sarkozy a aussi tiré pendant vingt-cinq minutes un rapide bilan de ses trois ans d'action. S'il n'a fait aucune allusion directe aux leaders socialistes - Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn -, le président a évoqué la prochaine présidentielle. «Y en a certains, à gauche comme à droite, qui passent leur temps à penser à la présidentielle. Vous ne croyez pas qu'ils ont autre chose à faire ! Moi, mon travail, c'est de sortir les Français de la crise», a-t-il expliqué. Avant d'alimenter lui-même le faux suspense sur sa propre candidature : «Ma passion pour la politique est intacte. Elle n'a pas changé. On y reviendra le moment venu…»

En présence de Brice Hortefeux, il est revenu enfin sur la sécurité. «Les Français attendent que le président soit au front, devant son ministre de l'Intérieur et pas derrière» , a-t-il justifié, en saluant le «travail remarquable» de son «ami» . Avant de rejoindre les militants, Sarkozy avait fait un détour par le commissariat de Beauvais. À huis clos, il s'est entretenu avec des gardiens de la paix. «Si j'ai mis Brice Hortefeux à ce poste, c'est le signe de l'affection et de l'attention que je vous porte. Faites attention ! Prenez soin de vous» , a-t-il conclu dans une allusion à la mort de la policière municipale, abattue la semaine dernière dont il préside aujourd'hui un hommage national à Villiers-sur-Marne.

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