Le 13 novembre dernier à Lyon, les deux grandes familles écologiques françaises fusionnaient pour donner naissance à un nouveau parti baptisé « Europe Ecologie-Les Verts ». Embrassades et champagne ! Moins d'un mois plus tard, le président de la nouvelle structure, Jean-Paul Besset, proche de Nicolas Hulot, démissionne de ses fonctions en explosant de rage contre le climat de « guerre froide » qui règne dans les rangs. Ambiance !
Faut-il s'étonner de ce psychodrame ? Oui, un peu, si l'on se souvient de toute l'énergie que les diverses composantes ont dépensée pour surmonter les bisbilles passées et converger vers les assises unitaires de Lyon. Oui, beaucoup, si l'on songe aux enjeux écologiques planétaires qui pourraient constituer un formidable booster pour une formation sérieuse.
Mais, finalement, les raisons de ne pas s'étonner d'une telle crise interne sont bien plus fortes. D'abord, le clivage fondamental entre ceux qui conçoivent l'écologie comme un devoir moral s'imposant à tous de manière apolitique et ceux qui ne l'imaginent que comme une composante du patrimoine de la gauche, n'a jamais été surmonté. Ce clivage ressort à chaque soubresaut et les interrogations actuelles sur la candidature de Nicolas Hulot à la prochaine présidentielle, alors que l'on croyait entendue la cause d'Eva Joly, en est une nouvelle manifestation. Ensuite et peut-être surtout, les militants écologiques, tout imprégnés de leur mission quasi messianique de sauvetage de la planète, sont peu doués pour le compromis. Ils mettent dans tout, y compris dans la lutte pour obtenir de bonnes places dans les circonscriptions, une intransigeance qui n'est jamais éloignée de l'intolérance. Les maires des nombreuses villes où ils gouvernent avec les écologistes savent d'expérience combien il est difficile de trouver avec eux des terrains d'entente. Cette capacité à user de l'anathème au nom de la pureté de leur combat n'est pas seulement dirigée contre leurs partenaires. Elle est plus virulente encore lorsqu'elle agit contre eux-mêmes. M. Besset a tort de parler de guerre froide. C'est plutôt la guerre civile qui guette ses amis.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire