lundi 13 décembre 2010
Le multilatéralisme bouge encore
Sauvetage, nouveau souffle, bouffée d'oxygène, les messages en provenance de la conférence de Cancún sur le climat ont des allures de comptes-rendus médicaux, en direct de la salle de réanimation. Peu d'observateurs, nous compris, donnaient cher de la peau de cette réunion avant son commencement. Le naufrage du sommet de Copenhague avait produit un tel effet que les participants se félicitent d'avoir seulement évité l'échec.
Les sommets sur l'environnement, comme ceux sur le commerce international, sont toujours des tests de la volonté des Etats de progresser ensemble vers une gouvernance mondiale. Non à huit ou à vingt, mais à près de deux cents, ce qui rend la tâche herculéenne. Car plus on invite de convives autour de la table de négociations, plus on prend le risque de la collision d'intérêts divergents. Quatre blocs s'affrontent : les pays occidentaux, généralement les plus motivés ; les pays très pauvres, au pouvoir de négociation quasi nul ; les pays émergents, Chine et Inde en tête ; et, enfin, les Etats-Unis. Ce dernier pays, par son poids et son hostilité traditionnelle au multilatéralisme, forme un bloc à lui tout seul. La nouveauté est évidemment la puissance nouvelle des émergents, qui modifie toutes les règles du jeu. Ils voient le monde, et leur place, en expansion quand les Occidentaux le perçoivent en contraction. Tant de visions contradictoires dans une même assemblée conduisent inévitablement soit à l'échec, soit à une dilution telle du texte final que l'on n'en perçoit même plus les effets contraignants. C'est ce qui s'est passé à Cancún avec un accord qui rappelle un objectif ambitieux tout en se gardant bien de fixer les moyens d'y parvenir. C'est de la négociation homéopathique ! Certains y croient, d'autres pas.
Il faut pourtant y croire. Comme le montrent les précédents de l'Organisation mondiale du commerce ou même des accords récents sur la biodiversité, cette méthode frustrante des petits pas est la seule qui fonctionne. Le principe du consensus (qui n'est pas forcément l'unanimité) donne visibilité et légitimité aux décisions. En dépit de sa bureaucratie, de son aspect interminable et si peu spectaculaire, le multilatéralisme reste le meilleur rempart contre la force pure, l'inaction et l'arbitraire.
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