TOUT EST DIT

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lundi 13 décembre 2010

Pourquoi Paris se vide de ses grandes entreprises

Cette semaine a débuté le déménagement de LCL de Paris à Villejuif, concomitant à celui du Crédit Agricole à Montrouge, autre commune de la banlieue. Les gros employeurs, y compris l'État, sont de plus en plus nombreux à traverser le périphérique.
Lundi dernier, 2.000 salariés de la banque LCL dont l'ensemble du comité de direction générale se sont installés dans leurs nouveaux bureaux, à Villejuif. Non loin du métro qui dessert depuis vingt-cinq ans cette ville communiste de 51.000 habitants située à 8 kilomètres de Notre-Dame. L'adieu au célèbre immeuble parisien du Crédit Lyonnais situé à deux pas de la Bourse, s'est fait sans effusion.
Et pour cause, traverser le périphérique n'est plus une aventure. Il s'agirait même plutôt d'une tendance de fond qui s'est accentuée avec la crise. Selon les données de l'Insee, la capitale comptait officiellement 138 établissements de plus de 1.000 salariés en 2008. Ils n'étaient plus que 123 l'an dernier. Une bonne partie de cette décrue est liée à des transferts au sein même de la région. En 2007, Paris concentrait encore 32 % des sociétés, divisions et autres filiales installées en Île-de-France employant plus d'un millier de personnes. Deux ans plus tard, la proportion n'atteint plus que 29,7 % (voir graphique).
« Dans le triangle d'or parisien, les bureaux haussmanniens se louent 700 euros du mètre carré alors que, dans la petite couronne, on en trouve de bien mieux conçus pour 350 euros », souligne Christophe Clamageran, le PDG du groupe foncier Gecina, le plus gros propriétaire de bureaux de France. Même les dirigeants attachés aux avantages d'une adresse parisienne savent qu'ils manqueront d'arguments pour défendre devant leur conseil d'administration le maintien de leurs troupes dans la capitale. D'autant que les bureaux parisiens sont, dans l'ensemble, très mal conçus.
Christophe Clamageran l'assure : « Rénover en respectant les normes environnementales relève, à Paris, de la mission impossible dans les immeubles anciens. De plus, dans un bureau contemporain, sur un grand plateau, 12 mètres carrés par salarié suffisent alors qu'il faut compter 16 à 20 mètres carrés à Paris. »
Autre argument qui fait mouche : le manque d'offres. Selon les professionnels de l'immobilier, une entreprise qui chercherait 10.000 mètres carrés de bureaux à Paris se voit proposer au mieux trois adresses. Alors qu'une société qui ne doit loger que 70 salariés a l'embarras du choix. Résultat : pour les grandes surfaces, les prix sont 10 à 15 % supérieurs. « L'extension continue du métro parisien au-delà du périphérique encourage ces déménagements car les employeurs veulent éviter que leurs salariés passent plusieurs heures dans les transports », souligne-t-on à la chambre de commerce et d'industrie de Paris.
Mais disposer d'une adresse parisienne reste un élément de communication très apprécié. De nombreuses entreprises se débrouillent donc pour garder un pied-à-terre dans la capitale leur permettant de recevoir des clients importants ou d'organiser leur conseil d'administration. Voilà pourquoi 25 entreprises du CAC 40 ont encore officiellement leur siège social dans la capitale. D'ailleurs, Paris a beau se vider de ses grandes entreprises, il y a peu de risque que ses immeubles de bureaux soient tous transformés en logements. Car, pour l'heure, ce sont les petites, voire très petites entreprises qui s'installent dans les immeubles quittés par les grands employeurs. Paris concentre désormais 45 % des entreprises franciliennes employant... zéro salarié.

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