TOUT EST DIT

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lundi 13 décembre 2010

Une ardente patience

a l'aurore de la reprise, la France doit s'armer d'une ardente patience. Avide de tourner à meilleur régime, la machine économique semble pour longtemps bridée par les séquelles d'une crise financière dont les tourments, levés avec l'automne 2008, viennent tout juste de vivre leur crépuscule. En recul de 0,8 % en octobre, le dernier indice de la production industrielle publié par l'Insee montre, en effet, combien le retard pris au cours de ce long recul de l'histoire sera difficile à rattraper. Pour peu qu'il puisse l'être. Car ce plongeon mensuel de l'activité de l'industrie n'est pas seulement la conséquence du blocage des raffineries et dépôts de carburant organisé par représailles à la réforme des retraites. Non sans effort, cette richesse perdue sera retrouvée.

En revanche, il n'est pas sûr que l'appareil productif remonte de sitôt l'escalier dévalé au plus fort de la crise. Entre son point haut de février 2008 et son point bas d'avril 2009, l'industrie a vu son activité mensuelle se contracter de 20 %. Un recul qui l'a ramenée quinze ans en arrière. Aujourd'hui, seule une petite partie du chemin perdu a été rattrapée et cela tend à donner raison aux économistes réalistes qui, tels Mathilde Lemoine (HSBC) dans son étude « France, équilibres instables », Jean-Philippe Cotis (Insee) et Paul Champsaur (Autorité de la statistique publique) dans leur note « Quelle croissance de moyen terme après la crise ? », identifiaient la perspective d'une croissance durablement de second rang. Résumons : le décrochage n'a pas été que conjoncturel et passager mais structurel et persistant.

Deux phénomènes à l'oeuvre dans l'industrie se sont conjugués pour réduire le braquet de l'économie. D'abord, à la différence de ce qui s'est produit lors de récessions « ordinaires », les fermetures d'usines, les restructurations voire les faillites ont affecté les capacités de production du pays. Ensuite, les délocalisations, notamment dans ce secteur automobile qui sert souvent de baromètre industriel, ont diminué pour longtemps le potentiel de production. Les véhicules achetés en France sont aujourd'hui moitié moins nombreux à être produits sur le territoire national qu'il y a sept ans.

Ce décrochage de l'activité industrielle a des conséquences douloureuses mais inévitables sur la politique économique. Il signifie qu'il serait plus imprudent que jamais d'espérer financer de nouvelles prestations publiques par un dynamisme retrouvé des recettes fiscales. Les grands projets devront être financés par des économies. La croissance ne peut plus venir au secours de la dépense.

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