TOUT EST DIT

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mercredi 22 décembre 2010

Tentation berlusconienne

Silvio Berlusconi a échappé à une motion de censure, la semaine dernière. Est-ce la victoire à l’arraché de celui qui, en Italie, a pris l’habitude de faire voter des lois pour empêcher toute poursuite pénale à son encontre, qui a inspiré Jean-François Copé, le patron de l’UMP, et son lieutenant Christian Jacob, président des députés du parti présidentiel ? Les deux hommes n’ont pas trouvé cause plus importante à défendre que celle des élus qui mentiraient à propos de leur déclaration (obligatoire) de patrimoine. Pensez donc : infliger aux fraudeurs 30 000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité, quel scandale !

Le tandem Copé-Jacob pousse le bouchon très loin, provoquant l’émoi non seulement sur les bancs de la gauche, mais aussi sur ceux de la droite. Comment demander aux Français de penser à l’intérêt général, quand deux des députés les plus en vue défendent par avance d’éventuels filous ? L’initiative Copé-Jacob est un bras d’honneur à ceux qui sont appelés à faire des efforts pour sauver les retraites, et plus généralement à tous ceux à qui l’on annonce des temps difficiles pour sortir de la crise. L’égoïsme, mâtiné de cynisme, est de mise.

La tentative, heureusement, a avorté. Mais la morale n’est pas sauve, car la peine de deux ans de prison pour les fraudeurs a été retirée. Elle serait, paraît-il, « stigmatisante ». Un député menteur (et cupide, car la déclaration de patrimoine vise à dépister l’enrichissement indu) risque donc moins qu’un cambrioleur. Il fait pourtant plus de victimes qu’un vulgaire monte-en-l’air, puisqu’il vole moralement – et aussi financièrement, en cas de conflit d’intérêts — des milliers d’électeurs.

Quelques heures après la passe d’armes sur l’amendement Copé-Jacob, l’Assemblée votait la loi Loppsi 2, qui durcit plusieurs sanctions pénales contre la délinquance. Le message des deux défenseurs de parlementaires potentiellement ripoux sonne de façon encore plus provocatrice.

Et dire que les députés voulaient « moraliser » le fonctionnement de l’Assemblée ! Les « berlusconneries » de quelques-uns jettent au contraire le discrédit sur toute la représentation nationale, alimentant le poujadisme. Il y a de quoi rendre verts de colère les nombreux élus, de droite, du centre et de gauche, qui n’ont rien à cacher.

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