TOUT EST DIT

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mercredi 22 décembre 2010

Ce n’est pas une suite, mais un début.

Six mois après le discours de Grenoble, la loi Loppsi 2 ne se contente pas d’entériner les orientations sécuritaires dont le président de la République avait présenté les grandes lignes à l’orée de l’été. Elle confirme un repositionnement de l’UMP et annonce une stratégie.

Avec le vote solennel du texte, cet après-midi à l’Assemblée, les « ultras » de la droite populaire triomphent. Ils ont profité de l’affaiblissement du président dans les sondages pour atteindre leur but : imposer un recadrage de la majorité parlementaire sur une politique délibérément musclée. Ils en sont sûrs : la « droitisation », il n’y a que ça de vrai pour permettre au camp sarkozyste de faire la différence face à une gauche régulièrement accusée de laxisme.

A l’image du rapporteur du texte, Éric Ciotti - un lieutenant de Christian Estrosi - ses promoteurs étaient jusque-là des députés d’importance secondaire. Longtemps minoritaires, ils ont peu à peu pris du poids dans un groupe déjà inquiet pour les échéances législatives de 2012. La montée en puissance de Marine Le Pen, et avec elle le retour d’un FN qu’on croyait avoir définitivement confiné sous la barre des 10 %, ont achevé de convaincre leurs collègues, plutôt réservés jusque-là, de l’efficacité supposée d’un serrage de vis.

Après le remaniement - qui a éliminé toutes les figures de l’ouverture - ce sont les avancées progressistes du président de 2007 qui sont liquidées les unes après les autres. Avec la possibilité offerte aux jurys d’assises de prononcer une peine complémentaire d’interdiction du territoire à l’encontre d’un « criminel de nationalité étrangère », c’est bien la double peine supprimée à la demande de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui est clairement rétablie. En version suisse. Quant au principe des peines planchers, longtemps resté étranger à la logique du droit français, il est non seulement confirmé mais étendu. L’outil répondrait à une attente de la société : punir les violences avec exemplarité. Mais son périmètre, relativement flou, qui contraint les magistrats, ouvre la voie à une dérive vers une sévérité sans discernement, perméable à tous les excès répressifs.

Le président a tranché sans états d’âme sur ce dossier, et c’est pour les mêmes raisons qu’il soutient son encombrant ministre de l’Intérieur et ami. En difficulté avec la justice, Brice Hortefeux est en… sécurité place Beauvau où il est conforté dans toutes ses orientations par l’Élysée. Ses écarts, ses déclarations à l’emporte-pièce, ses condamnations ? Les aléas de sa fonction, voilà tout… Il incarne trop l’esprit dans lequel le chef de l’État abordera sa probable campagne présidentielle pour être débarqué.

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