TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 22 décembre 2010

Finance : l'oeuvre du temps

La pression s'accroît sur les banques de financement et d'investissement (BFI). Après l'Europe, c'est au tour des Etats-Unis de réfléchir à un nouveau tour de vis sur les bonus. L'objectif est clair : éviter que les figures de proue de la finance de marché, sauvées du naufrage en 2008 par les contribuables, ne reprennent le train-train du « business as usual ».


Il faut dire que la petite musique émise par les BFI peut laisser supposer que rien n'a changé dans ce monde doré. Encouragées par le vif rebond de leur activité en 2009, elles se sont remises à embaucher à tout-va. A tel point qu'à Wall Street, leurs effectifs ne sont plus très éloignés du pic d'avant-crise ! De même, sur le front des rémunérations, certaines ont augmenté le fixe de leurs traders de 30 % à 50 % pour compenser la baisse de leurs bonus.


Mais on aurait tort de se fier à ces seuls indicateurs. Le monde d'avant n'est pas près de revenir à Wall Street ou à la City. Car, derrière la façade toujours aussi brillante des Goldman Sachs, Morgan Stanley, Credit Suisse et autres, la réalité a déjà changé. L'onde de choc provoquée par la crise financière les oblige à faire profondément évoluer leur modèle. D'abord, parce qu'il faudra demain trois fois plus de fonds propres qu'hier pour être autorisé à opérer dans ces métiers. Ensuite, parce que les activités les plus lucratives seront soit strictement encadrées (produits dérivés, titrisation), soit bannies de leurs desks (opérations pour compte propre aux Etats-Unis) . A cela s'ajoute le fait qu'autour de la table il y a toujours autant de joueurs. Les grands noms engloutis par la crise ont été remplacés au pied levé par les Nomura, Barclays Capital et autres Standard Chartered. Quant aux nouveaux territoires, les pays émergents, il reste à prouver qu'ils leur seront réellement ouverts.


Résultat, l'histoire est écrite. Les BFI de demain n'auront plus grand-chose à voir avec les formule 1 du milieu des années 2000 aux rentabilités supérieures à 30 %. Elles ressembleront davantage à des 4 · 4 toujours aussi rutilants en apparence, mais beaucoup moins véloces et bien plus coûteux à entretenir et à faire rouler. Ce qui veut dire qu'elles offriront certes des profils de risque bien moins agressifs, mais que leur rentabilité, le juge du paix du secteur, en sera fortement réduite. A peine supérieure à celle des « utilities » pour la plupart des acteurs, selon certains analystes.


Dans ces conditions, les grandes banques de marché dans leur ensemble n'auront d'autre choix que d'adapter leur structure de coût. C'est-à-dire de réduire leurs effectifs - une saignée de 10 % est attendue l'an prochain outre-Atlantique -et de revoir à la baisse les bonus de l'essentiel de leurs équipes. Ce n'est qu'une question de temps.

0 commentaires: