mercredi 22 décembre 2010
Retraites : le répit sera de courte durée pour les régimes complémentaires
L'impact de la réforme des retraites sera massif sur les comptes de l'Agirc-Arrco, mais il ne permettra pas de rétablir durablement l'équilibre financier des deux régimes de retraite complémentaire. C'est ce que montrent les nouveaux chiffrages que les partenaires sociaux, gestionnaires de l'Arrco (pour tous les salariés du secteur privé) et de l'Agirc (pour les seuls cadres), ont examiné mardi après-midi.
La réforme des retraites de base, qui entre en vigueur l'an prochain, permettrait à l'Agirc-Arrco d'économiser un peu plus de 6 milliards d'euros en 2018, l'année où l'âge du départ passe à 62 ans. Les régimes complémentaires dégageraient un excédent proche de 1 milliard d'euros cette année-là, au lieu d'un déficit de plus de 5 milliards en l'absence de réforme.
Ces nouvelles prévisions sont réalisées en tablant sur un taux de chômage de 7 %, une évolution de la productivité de 1,5 % par an et une stabilisation du rendement des cotisations. Ce qui n'est pas le cas actuellement : le rendement recule constamment depuis les années 1990, c'est-à-dire que 1 euro cotisé rapporte une pension moindre chaque année. D'autres chiffrages ont été réalisés avec des hypothèses plus optimistes (chômage de 4,5 %), plus pessimistes (9 %), et avec des rendements décroissants.
Spectaculaire, ce retour à l'équilibre doit être relativisé. D'abord, il ne concernerait que l'Arrco. L'Agirc resterait dans le rouge malgré la réforme. Surtout, il serait précaire : les faibles excédents ne seraient dégagés qu'entre 2017 et 2020. Les déficits seraient de retour tout de suite après ce court répit. En 2030, ils frôleraient à nouveau les 7 milliards d'euros. A plus court terme, il faudrait éponger près de 14 milliards de déficits accumulés entre 2009 et 2016. Pour cela, l'Agirc et l'Arrco devront puiser dans leurs réserves. Les réserves de moyen et long terme (à l'exclusion du fonds de roulement) deviendraient négatives dès 2016 pour l'Agirc et en 2032 pour l'Arrco.
Sur la base de ces prévisions toutes fraîches, les partenaires sociaux vont maintenant négocier l'avenir des régimes de retraite complémentaire. Faut-il maintenir les cotisations à leur niveau actuel ? Est-il possible de stopper le recul du rendement des cotisations ? Syndicats et patronat se sont donné jusqu'au mois de juin pour répondre à ces questions.
Lors de la séance de négociation de mardi, chacun s'est attaché à démontrer que les nouvelles prévisions appuyaient ses orientations. « Ces chiffrages montrent que la situation est tendue, mais les réserves nous permettent de ne pas réagir dans l'urgence absolue, estime Jean-Louis Malys (CFDT). Cela nous permet de trouver des solutions raisonnables et d'exclure toute décision extrémiste, de la part du patronat comme des syndicats. » La CFDT demande notamment « un redéploiement des avantages familiaux en direction des femmes et des retraités les plus modestes ».
De son côté, la CGT a fait chiffrer l'impact d'un élargissement de l'assiette des cotisations Agirc-Arrco à la participation, à l'intéressement et aux stock-options. « Les solutions que nous proposons suffisent largement à assurer le retour à l'équilibre des régimes jusqu'en 2030, tout en stoppant le recul du rendement », explique Eric Aubin, le « monsieur Retraites » du syndicat.
Force ouvrière souligne, elle, qu'une hausse modérée du taux de cotisation permettrait de dégager plus de 5 milliards d'euros de ressources supplémentaires dès 2014. Les déficits disparaîtraient alors très rapidement.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire