TOUT EST DIT

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lundi 27 décembre 2010

Page blanche, points rouges

C’est devenu très rare. L’agenda politique pour cette semaine qui s’ouvre est blanc comme neige. Pas l’ombre d’une polémique à l’horizon. Pas même un soupçon de débat qui ferait une petite tache de couleur sur les étendues immaculées des campagnes du Grand est. Même les tribulations dans les transports s’achèvent sur une petite musique plutôt positive. Les Français qui ont subi leurs conséquences ont fait montre, dans l’ensemble, d’une bonne humeur fataliste qui dément la réputation de notre inclination nationale à la râlerie. De son côté, le gouvernement a géré l’épisode avec dignité et modestie, comme il le fallait, mettant l’accent sur l’essentiel, cette exigence d’informer qui n’est rien d’autre que le respect élémentaire de la dignité des voyageurs. C’est bien sur ce critère d’appréciation qu’il appartient désormais aux pouvoirs publics de renégocier les agréments des compagnies aériennes dans les aéroports français et de dresser le bilan de la réactivité de nos propres régies nationales, régionales, départementales et locales - ferroviaires, routières ou administratives - face aux intempéries. En n’oubliant pas, bien entendu, les efforts déployés par des centaines d’agents pour œuvrer à ce « retour à la normale » qui nous apparaît comme un dû.

Une certaine légèreté parvient finalement à s’installer dans le calendrier entre le 25 décembre et le 1 er janvier. Son intitulé sucré est, en lui-même, révélateur d’un luxe que seuls les pays riches peuvent s’offrir : échapper au tumulte de l’actualité dans l’atmosphère ouatée d’un entre-deux institutionnel. « La trêve des confiseurs » est un petit miracle sémantique qui conserve le pouvoir de mettre en sommeil les passions et les appétits : la faim de 2012 et la soif des rêves de présidentielle sont provisoirement apaisées et étanchés par les libations des fêtes, et les congés des prétendants sous le soleil de Marrakech.

Ce temps suspendu n’est pas assez surnaturel, hélas, pour arrêter les assauts souvent invisibles de la misère, ni pour évaporer les sentiments de relégation. L’insouciance momentanée ne franchit pas le seuil de la pauvreté et les sans-abri savent bien qu’elle ne résiste pas aux températures négatives. Pour les plus démunis, les angoisses, les solitudes et les souffrances ne connaissent pas de pause.

Des bons sentiments ? Une exigence de conscience surtout. Notre relative quiétude hexagonale ne saurait pas, non plus, faire abstraction des flaques de sang du Pakistan, où les attentats lourds de menace jettent un voile d’avertissement écarlate sur l’avenir immédiat de cette région stratégique pour l’équilibre du monde. Elle ne peut effacer l’attente interminable des otages d’Afghanistan et du Mali. Autant de points rouges et douloureux sur le 52 e et dernier volet de 2010.

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