TOUT EST DIT

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lundi 27 décembre 2010

Le message du chômage

Inutile de chercher une quelconque lueur dans le sombre tableau de l'évolution du chômage en novembre dressé le soir de Noël : il n'en comporte aucune. Dans la catégorie des demandeurs d'emploi sans aucun travail - 2,69 millions d'inscrits à Pôle emploi, les seuls que l'on puisse sans malhonnêteté qualifier de chômeurs -, tous les publics sont frappés par la recrudescence du mal social. Hommes de moins de 25 ans, femmes de plus de 50 ans, chômeurs de fraîche date ou de longue durée, personne n'est épargné. Les faits observables, mesurables, manquent pour expliquer que, par un parfait mouvement de balancier, le terrain gagné en octobre ait été perdu en novembre. Sans doute, l'extinction progressive des conventions de reclassement qui se sont multipliées au plus fort de la crise prend-elle part au phénomène, mais pas dans une telle ampleur. Nostalgique des grands plans d'embauche dans le secteur public, le Parti socialiste voit, lui, dans ce rebond du chômage en novembre la sanction d'une absence de politique de l'emploi. Pourtant, même si c'est à un rythme moindre qu'en début d'année, même si cela demeure dépendant des allégements de charges, l'économie s'est remise à créer des postes, plus vite et plus fort qu'on ne l'avait cru. Curieusement, un élément propre à la conjoncture de l'automne n'est pas évoqué : un contexte social déprimant, avec ses arrêts de travail et ses blocages répétés contre la réforme des retraites. Comment penser que, après avoir fait chuter la production de l'industrie en octobre, ces mouvements sociaux n'aient pas affecté le moral des chefs d'entreprise et leur comportement d'embauche ? Fort heureusement, un mois ne fait pas une tendance. Or celle-ci demeure meilleure dans cette deuxième moitié de l'année qu'elle ne le fut dans la première. Et, quoi qu'il arrive en décembre, elle restera bien meilleure en 2010 qu'en 2009. L'accident ne change pas le cours d'une histoire du chômage dont le passé récent enseigne, à la fois, qu'il a moins subi en France que dans la moyenne de la zone euro l'impact de la crise financière, et, aussi, que le rétablissement sera lent, fragile et chaotique. Ces soubresauts d'une courbe qui peine à se stabiliser changent-ils en revanche la perspective d'avenir, qui décrit volontiers le retour à 9 % de chômage d'ici à la fin 2011 ? A tout le moins, ils renforcent, à défaut de politique monétaire européenne aussi agressive contre le chômage que l'est celle de la Réserve fédérale américaine, l'exigence de politiques économiques européennes convergentes à maintenir aussi serré que possible l'étau sur le pouvoir d'achat. Un arbitrage entre salaires et emploi aussi douloureux qu'il sera nécessaire en 2011 afin d'éviter que l'Europe ne devienne le réservoir à chômeurs de l'Amérique.

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