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lundi 20 décembre 2010

Jacqueline de Romilly, de la Grèce antique à la femme moderne

« Une grande humaniste », « une grande dame des lettres », « un des très grands esprits de notre temps » : l’helléniste et académicienne Jacqueline de Romilly est décédée samedi, à 97 ans.
Spécialiste de la civilisation et de la langue grecques, Jacqueline de Romilly fut la première femme professeur au Collège de France. Elle incarnait l’enseignement des études grecques classiques en France, ainsi qu’une conception exigeante et humaniste de la culture.
En 1988, elle était devenue la deuxième femme élue à l’Académie française, après Marguerite Yourcenar. Elle était aussi l’une des rares femmes Grand-Croix de la Légion d’honneur.
L’académicienne s’est éteinte samedi à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Son éditeur et ami Bernard de Fallois a précisé que « depuis longtemps, elle était très malade, mais pour tous ses amis, c’est quand même un très grand choc ».
« C’est une perte pour notre pays, a réagi sur France Info Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française. C’est une femme qui a porté toute sa vie la langue et la culture grecques, parce qu’elle considérait […] que c’était une éducation […] à la compréhension de la liberté de l’individu, de l’attachement à la démocratie. »
Membre correspondant étranger de l’Académie d’Athènes, elle avait obtenu la nationalité grecque en 1995 et avait été nommée ambassadrice de l’hellénisme en 2000. À Athènes, le ministère grec de la Culture a d’ailleurs parlé de « deuil de la Grèce », évoquant « une alliée rare […] et combative » du pays.
Le président Nicolas Sarkozy a salué sa mémoire, jugeant qu’avec elle, s’éteint « une grande humaniste dont la parole nous manquera ».
« Jacqueline de Romilly a contribué autant à l’édification intellectuelle des jeunes générations, à l’instruction du grand public par ses nombreux ouvrages, qu’à la libération de la femme par l’exemple qu’elle a donné de sa propre élévation », souligne l’Élysée dans un communiqué.
Le Premier ministre François Fillon a salué « une grande dame des lettres et de la culture ».
Avec Jacqueline de Romilly « disparaît l’un des très grands esprits de notre temps, a estimé le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Sa science du passé en faisait une femme éminemment actuelle ».
Elle « n’a eu de cesse tout au long de sa vie de révéler à nos contemporains l’infinie richesse des humanités », a relevé le ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel. « Son héritage, nous devons le servir », a affirmé Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
« Une autorité naturelle » Martine Aubry, première secrétaire du Parti Socialiste, a salué « la mémoire de la femme élève de la rue d’Ulm dans les années 1930, où les femmes y étaient rares… Jacqueline de Romilly restera pour beaucoup de femmes un symbole ».
Pour le président du MoDem, François Bayrou, agrégé de lettres classiques, elle « était un phare, à la fois par l’immense culture, la volonté de se battre sans cesse pour défendre les bases de cette culture à laquelle elle croyait […], et aussi une infatigable volonté d’être présente par l’écriture ».
« Elle désarmait par son espèce d’autorité naturelle. Elle avait ce mélange de simplicité, de sérieux et de gaîté des grands professeurs », a confié Bernard de Fallois.

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