lundi 20 décembre 2010
Sagesse
Sur le retour de la double peine, Brice Hortefeux n’avait plus d’avis, s’en remettant (expression consacrée) à la sagesse de l’Assemblée, quand le député Jean-Paul Garraud faisait passer son amendement suisse : les jurys d’assises se verront désormais proposer l’expulsion des criminels étrangers de notre douce France. Sur le retour de la double peine, Brice Hortefeux n’avait plus d’avis, s’en remettant (expression consacrée) à la sagesse de l’Assemblée, quand le député Jean-Paul Garraud faisait passer son amendement suisse : les jurys d’assises se verront désormais proposer l’expulsion des criminels étrangers de notre douce France. Sur le permis à points, Brice Hortefeux n’avait plus de résistance, s’en remettant à la sagesse de l’Assemblée, quand elle assouplissait cette loi qui a sauvé la vie à tant d’automobilistes en pourrissant l’existence des chauffards… C’était jeudi dernier. "Sagesse", disait le ministre de l’Intérieur, et l’UMP votait. Et ce mot, "sagesse", prenait un sens drolatique, quand les députés grisés d’une passion revancharde bousculaient le gouvernement, en invoquant un peuple qu’ils flattaient dans ses mauvais penchants.
Quel rapport, dira-t-on, entre une xénophobie suggérée aux jurés d’assises et une licence donnée aux mauvais conducteurs ? En réalité, c’est le même sujet. Une partie de l’UMP utilise la peur du FN pour nourrir sa revanche idéologique, populiste et démagogique. A-t-on oublié que Le Pen tonnait aussi contre les contrôles routiers, au nom de la défense des Bitru du volant? Aujourd’hui, à l’UMP, ce sont les mêmes qui sont à la harangue, sur le permis ou sur les tribunaux. "Arrêtez d’emmerder les Français", crie l’ultra Jacques Myard, protecteur des chauffards bien de chez nous, tandis que Jean-Paul Garraud pourchasse les criminels allogènes. Beaufisme, nationalisme "sam’suffit", le peuple sain chassera lui-même l’étranger criminel et on ne l’embêtera plus au volant. La "droite populaire", ce collectif radical ou caricatural, donne désormais le ton.
Brice Hortefeux a bien des malheurs, anecdotiques ou principiels, condamné à nouveau vendredi pour un péché de parole. Il ne s’agit pas de cela ici. Jeudi, à l’Assemblée, le ministre de l’Intérieur a subi l’ironie du moment, bousculé par une vague qu’il a lui-même alimentée: la droitisation de l’UMP, censée protéger Nicolas Sarkozy, balaie en réalité ce que le sarkozysme avait eu de plus digne. La fermeté routière et la suppression de la double peine avaient toutes deux été portées par le Sarkozy ministre de l’Intérieur des années 2002-2007. Ainsi se consume un pouvoir qui se perpétue en se laissant nier.
Reste à savoir si le Président est otage de ses ultras ou s’il les approuve, s’il est faible ou cynique, s’il subit ses droites ou leur donne le nihil obstat. A un moment, la question n’aura plus de sens, tant la majorité aura changé de nature. Il y a quelques jours, François Fillon adjurait la droite de ne pas s’égarer en suivant le FN: vaine parole, la preuve. Une droite, au fond d’elle-même, désire sans doute se perdre : 54 % des sympathisants de l’UMP approuvant Marine Le Pen dans sa comparaison entre les prières musulmanes et l’occupation nazie, c’est une masse d’imbécillité qui s’impose, et qui peut obliger une famille politique dont les chefs sont faibles ou manquent de vertu.
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