TOUT EST DIT

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lundi 20 décembre 2010

L’autocrate a l’ouïe fine


Il ne faut pas désespérer des autocrates. Certes, Laurent Gbagbo, président sortant, mais pas sorti, de la Côte d’Ivoire, ne donne pas l’exemple d’une grande attention aux messages convergents — partez ! — que lui adressent les Nations unies, le Fonds monétaire international, les États-Unis, les 27 pays de l’Union européenne et — plus proches encore — les dirigeants de l’Union africaine.


Mais un autre abonné aux réélections contestables semble recouvrer le sens de l’ouïe : c’est Alexandre Loukachenko, le président du Belarus — ou de Biélorussie, selon la traduction française héritée du XX e siècle. Le maître de Minsk n’est pas devenu réceptif aux critiques au point de renoncer à prolonger son bail, fondé sur une tradition de plébiscites, en 1994, 2001, 2006 (alors 83 % des voix) et 2010 autour de 72 % des suffrages, hier, d’après les premiers sondages à la sortie des urnes). Au passage, la seule arythmie des dates de ces votes montre combien M. Loukachenko dispose à sa guise du calendrier électoral.


Mais cette année, il a donné quelques signes d’évolutions possibles. Des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l’OSCE, ont pu lire dans la presse des tribunes libres de candidats d’opposition, ou voir à la télévision leurs interventions non censurées. Ces concessions restent étroitement contingentées, trop, sans aucun doute, pour l’opposition, qui a crié hier sa colère. Le régime n’apprécie toujours pas qu’elle défile dans la rue, et ne lui a accordé que… 0,25 % des places de scrutateurs dans les commissions électorales !


Il reste du chemin à parcourir pour rompre avec les mœurs soviétiques, dont M. Loukachenko perpétue jusqu’au décorum. Les petits allégements observés montrent néanmoins que le bouillant dirigeant n’est plus sourd, quand l’UE lie la coopération avec cette ex-république de l’URSS à des progrès de gouvernance. Une récente mission germano-polonaise a évoqué une aide de trois milliards d’euros pour financer des réformes. Alors que stagne l’union « confédérale » avec la Russie, initiée par un traité en 1997, le pouvoir à Minsk pourrait être sensible à la petite musique de l’Europe. Avec quel dosage de sincérité ou d’opportunisme, voilà l’inconnue.

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