lundi 20 décembre 2010
L'Europe (enfin) en spirale positive
Le but, c'est le chemin. » Cet aphorisme de Goethe est sans doute celui qui convient le mieux à la situation européenne actuelle. A la veille du week-end, le sommet de Bruxelles - le septième en un an ! -a réuni une nouvelle fois les dirigeants des Vingt-Sept, qui ont mis sur les rails le fonds de secours permanent qui prendra le relais du mécanisme actuel de sauvetage. Comme chaque fois depuis le début de la crise grecque, les jugements sévères ont fusé. Mais si justifiés qu'ils soient, ils ne doivent pas laisser dans l'ombre les progrès finalement accomplis en quelques mois. Trop lents, insuffisants, mais tout de même réels.
Il n'est aucunement besoin d'une loupe pour apercevoir les failles de la réponse européenne depuis la faillite de la Grèce. Il y a eu les hésitations de l'Allemagne, puis les gaffes d'Angela Merkel. Il y a eu beaucoup d'incertitudes techniques sur les garanties apportées par l'Union, lesquelles ont provoqué les doutes des marchés. Il y a eu un manque de clarté dans le leadership européen. Enfin, la nouvelle rédaction du traité de Lisbonne laisse songeur puisqu'il dit désormais une chose et son contraire : le sauvetage d'un Etat est possible, mais l'article antérieur qui l'interdit (clause du « no bail out ») est maintenu ! Bref, si la trêve de Noël calme les marchés, rien ne dit qu'ils ne repartiront pas à l'attaque en janvier.
Ce tableau mérite toutefois d'être complété. Pourquoi ? Parce que la zone euro a fait en quelques mois des pas inimaginables il y a encore un an. Par deux fois, elle est déjà venue à la rescousse de deux de ses membres. La Banque centrale européenne a violé plusieurs de ses principes fondateurs pour participer au sauvetage. Et sur un plan politique - c'est l'essentiel -, la réaffirmation de la défense de l'euro est désormais extrêmement claire. « L'euro est indissociable de l'Europe », assure la chancelière. En partie grâce à la force de conviction de Nicolas Sarkozy, Angela Merkel a semble-t-il effectué une véritable conversion personnelle sur ce point. L'idée d'un gouvernement économique chemine à son tour. Au total, l'Europe donne petit à petit l'impression de passer d'une spirale punitive à l'égard des pays qui ont « fauté » sur les déficits à une spirale positive. C'est une bonne nouvelle.
Il reste évidemment beaucoup de chemin à parcourir et les Européens convaincus ont mille raisons d'être impatients. Il s'agit de donner du concret à la coordination des politiques nationales. Il est indispensable que l'Irlande, la Grèce ou l'Espagne inventent un nouveau modèle de croissance. Comme il est nécessaire que les grands pays comme la France accélèrent la leur. Doit-on craindre une fois de plus que l'Europe ait un train de retard sur les marchés ? Il n'y a en réalité guère le choix tant il n'existe que deux possibilités pour la zone euro : éclater ou sortir de cette crise par le haut. Le chemin parcouru rapproche du but. Espérons que cela soit assez vite.
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