jeudi 11 novembre 2010
On croit mourir pour la patrie
Plus aucun Français ne peut dire: “J’y étais!”. Notre dernier poilu, Lazare Ponticelli, a rendu l’âme en mars 2008. Ce survivant nous reliait encore physiquement aux horreurs de 14-18. Lui disparu, la Grande Guerre devient désincarnée, presque irréelle. A peine renvoie-t-elle à des photos jaunies: pioupious désuets en capotes et molletières, le regard vide. C’est si loin, Verdun. Le monument aux morts, sur la place du village, on passe désormais sans le voir. Les noms gravés ici s’estompent dans les brumes du passé. Martyrs fantomatiques. Ils font partie de ces millions d’hommes qui s’entretuèrent, des années durant, pour quelques kilomètres carrés de terrain. L’élan patriotique les poussait au “casse-pipe” ou, sinon, la brutale contrainte des généraux. Ah, la barbarie ne venait pas que du camp d’en face! A plusieurs “stratèges” des états-majors, le sang versé ne coûtait guère. Les pires furent parfois limogés - à savoir mutés à Limoges, loin du front. Ils réapparaîtront au jour de gloire pour parader victorieusement. La rétrospective épouvante: un peuple transformé en “chair à canon”, une boucherie absurde au nom d’intérêts incertains. “On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels” écrivait Anatole France dès 1922. De cela aussi, chaque 11 novembre, il convient de se souvenir. Parce que la technologie militaire a beaucoup évolué depuis l’Armistice. Mais la nature humaine, pas tellement.
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