Nicolas Sarkozy a étrenné aujourd'hui son nouveau long-courrier, un Airbus A330-200 réaménagé. L'appareil a décollé d'Orly peu après 13h30, direction Séoul où le Président est attendu pour le G20.
Acquis auprès de la compagnie Air Caraïbes, l'A330-200 d'une capacité initiale de 324 places a été transformé en un avion VIP d'une soixantaine de places, avec chambre, salle de bain et salle de réunion.
Ce vol inaugural portera peut-être chance au groupe aéronautique qui publiera demain matin ses comptes du 3ème trimestre 2010. Les analystes interrogés par Bloomberg misent en moyenne sur 10,88 Milliards d'Euros de revenus (fourchette 10,24 à 11,46 MdsE) sur un EBIT de 310,75 MdsE (fourchette 202 à 429 ME) et un bénéfice net ajusté de 133,61 ME (fourchette de 47 à 254 ME).
"L'Elysée et le ministère de la défense font tout pour garder ce dossier secret mais les informations commencent à filtrer. La présidence de la République française recevra dans quelques mois un nouvel avion aux couleurs de la République française." C'est ainsi que commence l'article de La Dépêche du Midi annonçant, en septembre 2008, l'arrivée de l'avion qui sera bientôt surnommé "Air Sarko One".
Dès le début, l'Airbus A330, qui effectue son premier vol officiel ce jeudi 11 novembre en direction de Séoul, pour le G20, est comparé au célèbre "Air Force One" du président américain. Pour se rendre en Corée, Nicolas Sarkozy pourra économiser une escale, selon un argument mis en avant par l'Elysée : l'ancien avion A319 était limité à 7 300 km d'autonomie.
Plus récemment, "Air Sarko One" donne l'occasion d'un épisode assez rare : à un journaliste de RTL, on enjoint de s'excuser après avoir fait un sujet plutôt léger évoquant la présence d'une baignoire dans "l'Elysée volant", sur la base d'un article du Canard enchaîné. L'hebdo affirme qu'entre-temps le conseiller en communication de l'Elysée, Frank Louvrier, avait appelé la radio pour démentir avec force.
En novembre 2009, lors du débat sur la loi de finances, des députés PS, "choqués", déposent un amendement en développant un argumentaire selon lequel les fonds alloués à l'avion du président auraient pu être mieux employés : "Tandis que les rapports présentés aujourd’hui dans l’hémicycle nous ont montré que les besoins des armées sont très importants, et alors que les déficits structurels de notre pays ne font qu’augmenter et que le dernier rapport du Secours catholique dénonce la montée de la pauvreté en France, il est absolument inadmissible que le président de la République s’octroie 187 millions simplement pour se déplacer", lance Patricia Adam. "Démagogie", répondent les députés UMP, mais l'argument sera repris en juillet 2010, lorsque Ségolène Royal somme Nicolas Sarkozy de "sacrifier son avion de luxe", dans cette période de crise "où l'on voit tant de misère".
LA CONTRE-ARGUMENTATION DE L'UMP
Face à ces critiques répétitives, l'UMP dénonce une forme de "populisme". La majorité s'emploie à relativiser les chiffres et à justifier l'utilité de l'avion. Oui, il y a une chambre, avec lit double, mais une simple douche ; une salle de communication ultrasophistiquée mais capable d'assurer un contact permanent entre le président et son administration ; un centre médical et des leurres antimissiles pour la sécurité ; 60 places passagers mais avec des équipements de travail…
Le coût est dévoilé : 176 millions d'euros, dont 60 millions pour l'achat, 91,5 pour l'aménagement, 20,5 pour la sécurisation des communications et les systèmes d'écoutes, et 4 millions pour la qualification de l'appareil, précise un rapport parlementaire. L'Elysée fait valoir ses arguments : l'avion, vieux de dix ans, a été acheté d'occasion, il évitera de perdre un temps précieux en escales, et les deux anciens A319 seront revendus. On lit aussi au détour d'articles qu'un seul avion polluera moins que deux.
Le rapporteur PS de la commission de la défense de l'Assemblée, Jean-Luc Viollet, n'a pas fait de grosses objections sur le prix de l'avion dans son rapport. Mais il a regretté de ne pas avoir été autorisé à visiter "Air Sarko One", au prétexte d'un manque de disponibilité. De son côté, le député PS René Dosière raconte qu'un proche a pu entrer dans le fameux appareil : "C'était plutôt rapide mais il n'a pas eu le sentiment d'un luxe excessif", a affirmé ce spécialiste des dépenses de l'Elysée. Lui, comme Jean-Luc Viollet, dénonce tout de même des "erreurs de communication" : "On a fait trop de secret", enjoignant au président d'"ouvrir l'appareil aux journalistes".
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire