TOUT EST DIT

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jeudi 11 novembre 2010

Suicide collectif et héroïsme
L'abominable tuerie que fut la Grande Guerre cessa enfin le 11 novembre 1918, voici presque un siècle. Pourtant, si éloignée que soit cette époque, nous commémorons encore avec émotion les événements qui marquèrent si profondément les pays d'Europe. Bien sûr, c'est d'abord l'héroïsme des combattants que nous saluons ainsi. Que l'on songe à ce qu'ils subirent durant quatre années, aux sacrifices qu'ils consentirent, aux peurs, aux angoisses, aux blessures qui les atteignirent, on ne peut qu'être admiratifs. On voit là ce qu'un homme peut accepter pour préserver sa patrie, promouvoir ses valeurs, sauvegarder son idéal.

Mais ce que supportèrent les soldats français de l'époque, les soldats allemands, eux aussi, le souffrirent avec autant de courage, de ténacité et d'abnégation.

Aujourd'hui, on se demande comment il se fit que deux nations de cultures et de traditions si proches, partageant souvent les mêmes croyances, purent arriver à se combattre avec un tel acharnement et tout cela pour parvenir finalement à l'épuisement de tous, et singulièrement de la France et de l'Allemagne saignées à blanc. Voyez les longues listes des tués et disparus sur les monuments aux morts des deux pays.

Cependant, la haine n'animait pas toujours les combattants. Plongés dans le même cataclysme, ils se trouvaient frères de peur et de souffrance au fond du même trou d'obus, où pleuvaient balles et éclats d'acier meurtriers. On connaît les gestes de compassion qu'ils firent les uns envers les autres pour soulager les souffrances de l'adversaire blessé. C'était l'humanité soignant l'humanité.

Combattre ce risque

C'est de cela dont nous voudrions nous souvenir d'abord.À la fois pour éviter le retour de tels malheurs et pour retrouver, au fond de chacun de nous, ce sens de la fraternité entre les hommes quels qu'ils soient.

Il n'en reste pas moins que cette guerre fut en quelque sorte le suicide de l'Europe. La guerre de 1914-1918 portait, en germe, la Seconde Guerre mondiale qui fit plus de destructions sur notre continent qu'il n'en connut jamais dans l'histoire. En démontrant qu'ils n'étaient pas invincibles, elle fit aussi perdre la face aux colonisateurs qu'étaient les peuples européens et les conduisit à se replier derrière leurs frontières, abandonnant progressivement leur influence.

Ainsi, le recours à la guerre, on le sait désormais, est la pire des conduites et pourtant il fallut bien la faire pour abattre le nazisme qui voulait dominer le monde pour les mille ans à venir.

Aujourd'hui, la guerre semble écartée. Pourtant, elle sommeille, prête à dresser à nouveau les nations les unes contre les autres en de nombreux points du globe. Une explosion, ici ou là, pourrait entraîner une déflagration générale et, cette fois, avec des armements dont la nature peut menacer la vie, toute vie sur la planète.

La guerre de 1914 montre que les civilisations sont capables de se suicider. Le risque est toujours là mais, cette fois, c'est l'humanité entière qui peut être concernée. C'est cela qui devrait nous rendre attentifs à la commémoration de cette victoire qui fut, sans qu'on le sache encore, l'amorce d'autres désastres.

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