TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 11 novembre 2010

"C'est la fin de l'ère du consensus pour le gouvernement de Cameron"

La Grande-Bretagne n'était plus habituée à assister à des débordements de violence lors de manifestations. Lors du G20 en 2009, la police avait quadrillé la ville de Londres et largement empêché tout débordement. Mais hier, le défilé des étudiants contre le plan d'austérité du gouvernement Cameron a donné lieu aux manifestations les plus violentes en Angleterre depuis vingt ans.

Pour le conservateur et influent Daily Mail, aucun doute : ce sont des militants anarchistes qui ont "piraté" la manifestation : "Des militants d'extrême gauche ont entraîné un mélange d'étudiants issus des classes moyenne et de jeunes lycéens et collégiens dans une frénésie de violence", écrit-il. Le journal insiste sur le fait qu'au moins un ancien membre de Class War, un groupe anarchiste connu pour de nombreuses actions violentes, a été vu haranguant la foule avant le début des hostilités.
Le tabloïd The Sun dénonce plutôt des "abrutis sans cerveau" ("brainsless"). Une description qu'il applique aussi bien aux manifestants qui se sont attaqués aux locaux du Parti conservateur qu'aux forces de l'ordre, pas du tout préparées à ces actes selon lui. Le journal raille les tactiques policières, devenues "tout doux, tout doux" après les bavures lors du G20 en 2009 : "Dans un premier temps, seuls vingt policiers barraient la voie vers la Millbank Tower. Il a fallu deux heures avant que des renforts significatifs arrivent. A un moment, la police a même dû se résoudre à envoyer des messages sur Twitter pour tenter de calmer les jeunes", s'exclame le journal, atterré.
CES MANIFESTATIONS "DÉTOURNENT L'ATTENTION DU RÉEL PROBLÈME"
Le conservateur et moralisateur Daily Express rappelle que l'université est censée être "la destination des plus brillants jeunes du pays". Pour lui, la manfestation a dégénéré à cause de "l'habituelle clique d'extrême gauche 'prête-à-manifester' convaincue que le désordre va faire chuter le capitalisme". Il est surtout sévère sur les conséquences de ces violences. Pour lui, s'il existe des "arguments légitimes" pour s'élever contre des coupes trop importantes dans le budget de l'éducation, la manifestation de mercredi va les affaiblir : "Les millions de personnes qui ont assisté à ces scènes se diront sûrement qu'il y a bien d'autres groupes à défendre et qui méritent les aides publiques plus que les étudiants."
Le Guardian se fait nettement plus nuancé dans son analyse et espère que le public fera la différence entre la minorité qui a violemment attaqué le siège des tories et l'immense majorité des manifestants qui est restée pacifique. Dans son éditorial, il estime que "la manifestation d'hier pourrait marquer une étape importante" : "L'opinion reste divisée à propos des mesures d'austérité du gouvernement. Beaucoup admettent qu'elles sont nécessaires, mais perçoivent aussi qu'elles sont trop rapides et trop profondes. L'ampleur de la manifestation des étudiants pourrait encourager les opposants à ces mesures à entrer dans le mouvement et à rejoindre les protestations des étudiants."
LES FACS DEVIENDRONT "DES BASTIONS POUR ENFANTS DE RICHES"
Le quotidien The Independent poursuit l'analyse politique de la manifestation en avançant qu'elle marque déjà "la fin de l'ère du consensus pour le gouvernement de coalition". Un consensus "pourtant promis par David Cameron lors de sa prise de pouvoir il y a tout juste six mois".
Comme le Daily Mail, le populaire tabloïd The Mirror s'en prend aussi dans son éditorial à ceux qui ont "piraté" la manifestation. Mais pour lui, c'est parce qu'il risquent de "détourner l'attention du public du réel problème des enfants des familles à bas et moyens revenus qui seront exclus de l'éducation". Les dommages causés par d'imbéciles casseurs peuvent être réparés, poursuit-il. (...) Mais nous ne devons pas perdre de vue l'incidence qu'aura l'augmentation de près de 9 000 livres [10 563 euros] des frais de scolarité et comment les universités vont redevenir des bastions pour enfants de riches."
Antonin Sabot

0 commentaires: