Le conflit des retraites touche à sa fin. Le constat s'impose au lendemain d'une septième journée de protestation qui, sans avoir été médiocre, loin de là, a réuni moitié moins de manifestants que le 19 octobre et enrôlé un nombre désormais insignifiant de grévistes. La réforme ayant enfin été votée par le Parlement, les vacances ayant démobilisé une partie des troupes, ce ne fut pas le sursaut, que n'escomptaient d'ailleurs plus les syndicats et les partis de gauche, mais un baroud d'honneur. Preuve que la situation s'est retournée, le défi devient, pour le camp des opposants, d'éviter que la journée du 6 novembre, cette journée de trop, ne tourne à la débâcle.
Il faudrait être naïf pour s'en satisfaire. Car si le conflit des retraites touche à sa fin, la conclusion, elle, est loin d'être écrite. Cette déchirure de la société, cette épreuve de la démocratie laissent la nation comme un grand corps blessé. Habituellement, les plaies restent douloureuses mais se referment. Pas cette fois. Parce que, fait rare dans notre histoire, le pouvoir politique a mené au bout, sans la dénaturer, une grande réforme rejetée par la rue. Parce que, fait nouveau dans leur histoire, des syndicats réformistes comme la CFDT ne se sont pas contentés des concessions faites, en l'occurrence sur la prise en compte de la pénibilité professionnelle et sur la retraite à taux plein des mères de famille. Sur des ruines, l'exécutif va devoir tenter de rebâtir un dialogue social. Non pas que celui-ci soit une fin en soi, mais un moyen de réformer.
Il peut compter, pour cela, sur deux éléments. Le temps, d'abord, qui panse les plaies et invite à penser sans passion. Rien ne serait plus maladroit, de la part du gouvernement, que de précipiter l'ouverture de nouveaux chantiers. Le paritarisme ensuite, sorti miraculeusement intact de ce conflit. Grâce en soit rendue au patronat. Habilement, tant le Medef qu'une avant-garde comme Croissance Plus ont su ne pas pousser à la roue de la réforme. Ainsi le patronat a-t-il préservé tout son rôle traditionnel de partenaire de confiance des syndicats.
Laurence Parisot, le recours ? Flairant le danger, Benoît Hamon, au PS, tente maintenant de convaincre que cette réforme est la sienne. Cela n'empêchera pas le dialogue social de vite reprendre, sous une forme bilatérale. Par esprit de responsabilité : la société tout entière attend des avancées sur l'emploi des jeunes et des seniors. Par nécessité aussi, puisque syndicats et patronat doivent renégocier, d'ici à avril 2011, une convention d'indemnisation du chômage, et, d'ici à la fin de l'année en principe, un accord financier sur les retraites complémentaires. Sans doute serait-il sage de se donner du temps avant d'ouvrir ce dossier-là.
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