Pour une fois, malgré les perpétuelles différences de chiffres, tout le monde s'accorde à reconnaître la baisse visible de la mobilisation. Le reflux des manifestants était logique en période de vacances et au lendemain du vote de la réforme qui ne pouvait qu'ajouter son effet démobilisateur à un début de fatigue et de résignation. Ce n'était pas pour autant le repos du 7e jour d'action ni l'enterrement du mouvement social. Les syndicats maintiennent la journée d'action du 6 novembre et ils continueront à cibler Nicolas Sarkozy pour le convaincre de ne pas promulguer la loi.
Cet objectif ne doit pas faire illusion car, à moins d'une explosion sociale incontrôlable qui ne ferait les affaires de personne, nul n'imagine le président se faire hara-kiri. La référence au CPE, finalement effacé par Jacques Chirac dans un tout autre contexte, est brandie comme un appât à manifestants par des dirigeants syndicaux qui ne peuvent se payer le luxe de tourner la page comme le président a, pour sa part, l'intention de le faire au plus vite.
Le drapeau blanc de la reddition fait office de mistigri entre syndicats. Le premier qui osera le saisir prend le risque de perdre d'un coup les dividendes d'une mobilisation réussie et toujours soutenue par une majorité de l'opinion. Même les syndicats ? comme la CFDT ? qui seraient tentés de négocier une vraie sortie de crise savent que, malgré la tendance à la reprise du travail, le retour à la normale n'est pas tout à fait d'actualité. Dans le contexte de crise, l'amertume, le sentiment d'injustice et l'angoisse pour l'avenir continueront de peser.
La majorité se félicite, avec une feinte modestie, de la victoire présidentielle et fait mine de voir le bout du tunnel contestataire. Cet affichage est de bonne guerre, surtout quand, depuis des mois, le mirage du remaniement et quelques autres affaires emblématiques mettent le gouvernement à cran. Mais, en privé, les plus lucides ne tirent pas de certitudes rassurantes à plus long terme. Plus qu'un nouveau gouvernement, il va falloir à Sarkozy des trésors d'imagination, à défaut de trésor budgétaire, pour offrir un autre cap crédible.
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