C'est un véritable séisme que prépare Apple, habitué, il est vrai, à bousculer l'ordre établi dans un univers des technologies aux fronfières mouvantes. Après les majors de la musique, le séisme menace cette fois les opérateurs de téléphone, que la firme de Steve Jobs rêve de court-circuiter depuis les débuts de l'iPhone. Or grâce au succès planétaire de son terminal et aux progrès de la technologie des cartes à puce, ce rêve est désormais à portée de main.
Avec iTunes, sa boutique en ligne, Apple gère déjà des dizaines de millions de clients, qui lui achètent de la musique ou de la vidéo. Il a accès à leurs coordonnées bancaires, connaît leurs habitudes, ce qu'ils aiment voir ou écouter. L'étape suivante consisterait à leur vendre directement des services de téléphonie mobile. Avant peut-être, demain, de leur offrir des services bancaires. La technologie, développée notamment par le français Gemalto, est prête. Les barrières, s'il y en a, ne sont pas techniques mais plutôt réglementaires, commerciales, voire culturelles.
Le défi lancé aux opérateurs de téléphone n'en est pas moins considérable. Si Apple devient un jour, ainsi qu'il en a l'intention, un « opérateur mobile virtuel », permettant à chacun de s'abonner directement auprès de lui, les Orange, SFR ou Bouygues, qui ont tant investi sur leur notoriété auprès du grand public, devront soudain rivaliser avec une marque mondiale. Pire : de même que le client d'iTunes se moque de savoir que le dernier album qu'il a acheté a été produit par Sony ou EMI, il fera peu de cas du nom de l'opérateur qui acheminera ses conversations ou ses e-mails.
Ainsi, à la relation exclusive que chacun entretient avec son opérateur pendant la durée de l'abonnement se substituera une relation encore plus exclusive avec Apple, qui se chargera de faire jouer la concurrence entre les réseaux pour obtenir les meilleures conditions. La technologie des cartes SIM, qui deviendront bientôt virtuelles, permettant en effet de passer aisément d'un réseau à un autre.
C'est donc bien toute l'économie des opérateurs qui risque d'être bouleversée si Apple parvient à établir une relation directe avec leur gigantesque base de clientèle. Tout ceci ne constitue à ce stade qu'une menace. Mais une menace de moins en moins virtuelle.
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