TOUT EST DIT

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mardi 1 juin 2010

Israël isolé

C'était une réalité depuis l'opération meurtrière menée à Gaza, au début de l'année 2009, par l'armée israélienne. C'est maintenant une évidence. Israël est isolé sur la scène internationale, comme rarement le pays l'a été depuis sa création. La raison en est simple. Ni la punition collective infligée de façon chronique à la population de Gaza ni la violence du commando intervenu, hier, dans les eaux internationales pour bloquer un convoi humanitaire ne peuvent être justifiées. La réaction indignée de la communauté internationale le dit on ne peut plus clairement.

Beaucoup de détails doivent, bien sûr, être encore éclaircis, ce qui explique la prudence de la réaction américaine. De ce point de vue, une enquête internationale est plus nécessaire que jamais. L'opération meurtrière ayant eu lieu hors des eaux territoriales israéliennes, la violation du droit international est patente, « grossière » même, pour reprendre la terminologie utilisée à Moscou.

Pour trois raisons, au moins, l'option choisie par le gouvernement israélien est un véritable fiasco. D'abord, parce que la violence de l'intervention ne saurait trouver la moindre justification, quels que soient les doutes que l'on puisse émettre en Israël sur la composition de cette flottille, hétéroclite il est vrai, et sur ses buts humanitaires.

Ensuite, sur le plan juridique, l'argumentaire ressassé depuis dix-huit mois par l'exécutif israélien ne tient pas au regard d'une vision pondérée du droit international. Durant l'opération Plomb durci, qui a fait plus de 1 400 victimes dans la bande de Gaza, l'an passé, on a souvent entendu les militaires israéliens justifier le bombardement de bâtiments civils entiers pour la seule raison qu'un ou plusieurs activistes du Hamas s'y étaient retranchés.

On peut comprendre le sentiment d'insécurité, voire d'encerclement, qui habite, au quotidien, la population israélienne. On ne peut, pour autant, renoncer à l'un des principes des cultures juridiques les plus avancées, à savoir la proportionnalité, comme l'a rappelé d'ailleurs, hier, indirectement, le président Sarkozy en évoquant un « usage disproportionné de la force ».

Enfin, et c'est sans doute le plus préoccupant, les conséquences politiques de cet assaut meurtrier israélien sont largement imprévisibles. La Turquie qui, non sans ambiguïté, avait donné sa bénédiction à la flottille, a très vivement réagi en accusant Israël de « terrorisme d'État », en demandant une réunion d'urgence de l'Otan et de l'Onu. Des ressortissants turcs faisant partie des victimes, l'émotion est compréhensible, mais il n'y a pas que cela.

Depuis deux ans, le torchon brûle entre les deux anciens alliés stratégiques. L'opération Plomb durci a sans doute été un tournant, là encore, offrant à Ankara une raison supplémentaire de cesser les opérations militaires conjointes et de développer une diplomatie de plus en plus autonome. Au point de jouer les médiateurs avec la Syrie, et même avec l'Iran, comme on l'a vu récemment sur le dossier nucléaire.

Bref, la Turquie est sortie de l'isolement qui caractérisait ses relations avec les pays musulmans de la région et affirme, plus que jamais, son rôle de puissance régionale. Est-ce au service de la diplomatie de la détente prônée par Obama ou pour son propre compte ? Sans doute les deux. À l'opposé, en tout cas, de l'aveuglement isolationniste des dirigeants israéliens.

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