Dans la paranoïa économique actuelle, les Etats doivent se montrer irréprochables s'ils veulent pouvoir emprunter et par la même survivre. La note AAA reste le seul gage de solvabilité pour les marchés financiers. Malgré ses efforts, la France doute de pouvoir la conserver longtemps
Le Graal prendra-t-il bientôt trois "a" ? La notation AAA est devenue ces dernières semaines aussi recherchée par les Français que la cause des problèmes de santé de Johnny ou qu'une victoire pour les Bleus. Le triple A, note optimale décernée par les agences de notation, permet d'assurer les Etats ou les entreprises en étant honorés d'emprunter aux plus bas taux.
L'Espagne, mauvaise élève
L'agence de notation Fitch a dégradé la semaine passée la note de Madrid à AA+. "L'ajustement des finances publiques et privées pénalisera la reprise économique espagnole", a expliqué Brian Coulton, responsable de la notation souveraine pour l'Europe. L'agence a salué le "fort engagement" du gouvernement espagnol mais prévoit que la reprise en Espagne sera plus difficile que "dans les autres pays notés AAA", à savoir la France, le Royaume-Uni ou l'Allemagne.
La France tremble
Paris craint pourtant l'effet ricochet. Le ministre du Budget, François Baroin (AFP), a estimé dimanche sur Canal + que "l'objectif du maintien de la note AAA est un objectif qui est tendu et qui conditionne pour partie les politiques d'économies que l'on souhaite avoir". Pour ne pas devenir paria sur les marchés financiers comme ses voisins méditerranéens, la France doit de toute urgence "réaliser son plan d'économies et de réduction du déficit", a sommé le ministre. "Nous devons maintenir notre AAA, réduire notre endettement pour éviter d'être trop dépendants des marchés et puis nous devons le faire dans la durée", a martelé François Baroin, visiblement inquiet.
Triple A ou zéro pointé ?
Le gouvernement avait annoncé sa volonté de réduire son déficit - aujourd'hui autour de 8% - à 6,0% en 2011, 4,6% en 2012 et 3,0% sur la période 2013-2014. Pour ce faire, pas de mystère : gel des dépenses publiques et destruction des niches fiscales. Nicolas Sarkozy avait également proposé une réforme constitutionnelle imposant des objectifs chiffrés sur cinq ans et un ralentissement des dépenses de santé et des collectivités locales. La batterie de mesures exclut donc toute baisse des salaires des fonctionnaires comme c'est le cas dans la plupart des pays européens et la moindre augmentation des impôts. Pour l'opposition, cet objectif est irréalisable. "On n'atteindra pas les 3% du PIB de déficit en 2013, c'est une illusion. C'est impossible aujourd'hui, sauf à augmenter drastiquement les impôts", s'est étonné le député socialiste, François Hollande.
Si la gauche doute déjà de l'efficacité d'un tel plan de "rigueur", le gouvernement espère au moins convaincre les agences de notation de sa solvabilité, difficile en effet aujourd'hui d'aligner les zéros sans afficher d'abord ses trois "A".
Damien Bouhours
mardi 1 juin 2010
AAA - Attention à la note !
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