Mais quelle image Israël donne-t-il ! Ce pays qui gagnait toutes les sympathies bascule à son tour dans ce qu'il faut bien appeler le « terrorisme d'État » - et ce terme n'est pas seulement employé par le Premier ministre turc Erdogan. Voir sur les télévisions mondiales des soldats paniqués tirant à bout portant sur des civils provoque effroi et indignation. Que les victimes aient cherché à se défendre n'est que légitime.
Il faut être clair : en droit international, l'arraisonnement, sous le feu, d'un bateau dans les eaux internationales est piraterie, voire acte de guerre. Un acte d'autant plus inqualifiable que le Mavi Marmara est un navire affrété par une organisation caritative musulmane, certes à connotation religieuse (comparable au Secours catholique) mais universellement reconnue pour son engagement humanitaire. Et que ce bateau - comme la plupart des navires de la flottille - batte pavillon turc aggrave encore la situation.
Ankara, déjà en froid avec Tel-Aviv depuis le raid à Gaza de janvier 2009 a, depuis, renoué avec la Syrie et pris contact avec Téhéran. Également dans son aspiration de puissance régionale désirant faire preuve de son importance à l'UE qui lui ferme ses portes. Voilà pourquoi la Turquie ira certainement plus loin qu'un appel au Conseil de sécurité de l'ONU et à l'OTAN. En dénonçant un traité conclu en 1996, en interdisant à l'aviation de Tsahal de s'entraîner en Anatolie - Israël étant trop exigu pour présenter des « cibles » terrestres à ses pilotes. Perdre un allié, même peu commode, qui en raison du passé ottoman reste une référence dans le monde musulman, est une catastrophe pour l'État hébreu... en plus de tous les autres « dégâts collatéraux ».
Évidemment, l'intolérable situation à Gaza signe l'origine du drame. La population de ce minuscule territoire est triplement prise en otage. Par le Hamas terroriste, par le perméable blocus égyptien et par le draconien blocus israélien. Il est vrai, les denrées de première nécessité arrivent mais rien pour la reconstruction ou pour la purification de l'eau. Gaza est à la fois prison et cloaque à ciel ouvert. Secourir les Gazaouis relève de l'humanité la plus élémentaire. D'autres « flottilles de la paix » reprendront bientôt la mer, peut-être sous escorte militaire.
Cerné de toutes parts, Israël a le droit de se défendre. Toutefois, pas à n'importe quel prix. Pas au prix de 1 300 morts civils à Gaza en 2009, dont 450 enfants. Pas en violant le droit international, maritime ou autre. Pas en pratiquant une politique de colonisation façon XIXe siècle dans les Territoires occupés. Mais en cherchant aussi la paix. Une paix qu'Israël ne semble pas plus vouloir que certains Arabes. Du moins pas sous le gouvernement Netanyahu, le plus médiocre depuis la fondation de l'État hébreu.
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