omment Dominique Strauss-Kahn pourra-t-il gérer son retour en France dans la perpective de 2012 ? Le calendrier des primaires à gauche, dévoilé par Arnaud Montebourg lundi 1er juin, pose un problème au directeur du FMI. Le député de Saône-et-Loire était chargé de préparer ces élections pour désigner le candidat PS pour 2012. Elles seront "ouvertes" au reste de la gauche, et devraient avoir lieu à l'automne 2011, estime-t-il. Selon lui, "’il semble impossible de commencer la campagne des primaires avant le dénouement des élections cantonales de la fin du mois de mars 2011", qui détermineront notamment si le Sénat bascule à gauche.
Arnaud Montebourg fait deux hypothèses : d'abord dans le cas où il y a moins de quatre candidats, il prône "une campagne qui pourra commencer tard avec les votes en octobre ; ce serait alors une primaire de courte durée, dotée d’une campagne courte", qui démarrerait en septembre. S'il y a plus de quatre candidats, "la campagne doit commencer tôt afin d’organiser le rassemblement progressif". Ce qui impliquerait un "vote préalable, qui pourra se tenir avant la mi-juillet 2011 et servira de système de qualification des meilleurs candidats", estime Arnaud Montebourg. Mais, dans tous les cas, il préconise juin 2011 comme date limite pour le dépôt des candidatures.
Une date qui n'arrange pas Dominique Strauss-Kahn. Son mandat de directeur du FMI court en effet jusqu'à l'automne 2012. Ce n'est certainement pas un hasard, d'ailleurs : à peine les conclusions de la commission Montebourg étaient-elles connues que Jean-Christophe Cambadélis, l'un des lieutenants de DSK, estimait qu'il faudrait "commencer une campagne le plus tard possible et la plus courte possible". "Il y a une compétition, elle est normale, elle n'aura pas l'ampleur que d'aucuns décrivent, mais je crois qu'il faut essayer de sélectionner notre champion ou notre championne et ne pas l'handicaper". Une allusion à François Hollande, qui réclame, lui, des primaires plus tôt, dès le début 2011, pour permettre au candidat PS d'avoir du temps pour faire campagne.
COMBIEN DE CANDIDATS AUX PRIMAIRES ?
"Entre ceux qui disent c'est trop tôt et ceux qui disent c'est trop tard, il faut bien de toute façon trouver une solution, donc on a fait un poids moyen avec des ajustements", répond Arnaud Montebourg. D'ailleurs, "ce calendrier sera ajusté par le bureau national au mois de janvier 2011 dernier délai, en fonction de la configuration politique des primaires". En clair, suivant les candidats pressentis et leur stratégie.
Combien seront-ils ? Le seul à avoir annoncé sa candidature est Manuel Valls, qui sait lui-même n'avoir que peu de chances de l'emporter. François Hollande souhaiterait lui aussi "y aller", au risque de réaliser un faible score. Restent les quatre principaux : Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et Martine Aubry, et leur rivale de Reims en 2008, Ségolène Royal.
Pour empêcher cette dernière de se présenter, les trois avaient conclu un "pacte" : ils ne concourraient pas les uns contre les autres. Mais cet accord était conditionné à la situation de l'époque, où Dominique Strauss-Kahn était le seul considéré comme susceptible de battre Nicolas Sarkozy.
Depuis, la situation a changé : grande gagnante des régionales, Martine Aubry apparaît désormais tout aussi "présidentiable" que DSK. D'où, sans doute en partie, l'offensive médiatique de ce dernier au mois de mai : interview sur France 2, déferlante de livres sur lui et rafale de sondages flatteurs... Quant à Ségolène Royal, elle a chuté dans les sondages et n'apparaît plus aujourd'hui aussi crédible aux yeux des Français comme candidate socialiste putative.
SÉGOLÈNE ROYAL PERTURBE LE JEU
C'est probablement pour cette raison que la présidente de la région Poitou-Charentes a perturbé le jeu en annonçant, dimanche 30 mai, qu'elle était prête à "faire le sacrifice de son ambition" en renonçant à se présenter aux primaires. En se sortant elle-même de la compétition au nom de la nécessaire unité du parti, Ségolène Royal a rebattu les cartes : le pacte contre elle n'a plus de raison d'être. Et Dominique Strauss-Kahn n'a plus qu'une adversaire : Martine Aubry, celle qu'il voulait justement ne pas affronter.
Reste, pour le directeur du FMI, une question centrale : comment revenir en France ? S'il quitte l'institution plus d'un an avant la fin de son mandat, qui plus est en pleine crise économique mondiale, il risque d'y récolter une image d'opportuniste. Sans parler du risque qu'il y aurait à démissionner de ce poste prestigieux et fort bien rémunéré (un demi-million de dollars par an) pour aller se perdre dans une élection interne qu'il ne serait pas certain de remporter.
Longtemps, les strauss-kahniens ont fait planer le doute au PS, expliquant que leur mentor pourrait ne pas revenir, à moins qu'il y soit appelé par son parti. Bref, pas question d'aller se commettre dans des primaires fratricides. Son entourage comptait sur un scénario catastrophe où, devant l'absence de présidentiable, les socialistes auraient abandonné l'idée de primaires pour mieux mettre en avant sa candidature. Un scénario qui dépend désormais de deux choses : des ambitions de Martine Aubry et des sondages d'opinion qui les départageront. Mardi, un sondage IFOP-Paris Match place toujours "DSK" en tête des présidentiables socialistes.
Samuel Laurent
mardi 1 juin 2010
Primaires socialistes : l'impossible équation de "DSK"
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