Les lendemains de défaite sont toujours des moments difficiles. Celui-ci l'est d'autant plus pour les députés de la majorité que la débâcle des élections régionales fait peser de lourdes incertitudes sur leur propre sort à l'horizon 2012. Il y a le feu à la maison. Alors, Jean-François Copé, le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, leur a offert, mardi 23 mars, pour la reprise des travaux parlementaires, une séance d'introspection. Objectif : vider l'abcès. Une consigne : ne pas céder à la panique.
En organisant cette thérapie collective, M. Copé nourrit une double intention : colmater les brèches avant que le doute ne s'installe, offrant ainsi un appel d'air à ceux qui, tels les "villepinistes", poussent à l'émancipation de la tutelle sarkozyste; se donner les moyens de "codiriger" les réformes législatives déterminantes de la fin du quinquennat. L'exercice n'en est pas moins à risque, tant est ébranlée la foi dans la "méthode" du chef de l'Etat.
La "méthode", vocable convenu pour éviter de critiquer sur le fond les choix imposés par Nicolas Sarkozy tout en s'en démarquant. "Le message que nous ont adressé les électeurs, remarque ainsi Catherine Vautrin, députée (UMP) de la Marne, c'est la méthode. Les cartes ont été brouillées. L'ouverture, c'était bien il y a deux ans; maintenant, c'est trop."
L'ouverture est désignée par de nombreux élus comme une des principales coupables de la désaffection de l'électorat de droite. "L'ouverture, l'arme fatale", écrit Jean-Paul Garraud (UMP, Gironde) sur son site Internet, déplorant l'"obstination" du président de la République. "Il est encore temps de réagir et de revenir à nos fondamentaux, poursuit-il. Rétablir le cap à droite, comme en 2007, voilà ce qu'il nous faut."
RECENTRER SUR DES RÉFORMES ESSENTIELLES ET "LISIBLES"
Dans les rangs de la majorité, le jugement est quasi unanime : "Il faut arrêter l'ouverture." "La droite a moins souffert de la gauche qu'elle n'a souffert de l'ouverture", constate Bernard Carayon (UMP, Tarn).
Ce ne sont pas seulement les nominations à des hautes fonctions qui sont ainsi mises au ban, même si celles-ci ont pu faire office, selon l'expression de M. Copé, de "facteurs irritants". C'est aussi la volonté, imposée d'"en haut", d'élargir les listes de la majorité à des composantes qui n'avaient guère de réalité sur le terrain.
"On ne se retrouve pas dans ces listes composées de gens qui portent des étiquettes mais ne représentent rien, énonce Valérie Rosso-Debord (UMP, Meurthe-et-Moselle). C'est une fausse bonne idée de croire qu'en juxtaposant des logos, on élargit notre base."
Rares sont ceux qui, à l'instar de Lionel Tardy (UMP, Haute-Savoie), s'exposent à avancer l'idée que "le vote de dimanche a avant tout sanctionné la politique du gouvernement".
Sous des formes diverses, cependant, une même demande revient en boucle : recentrer l'action du gouvernement sur des réformes essentielles et "lisibles". "Trop de communication tue la communication. On a fait de l'annonce avant de faire de l'efficacité", estime Mme Rosso-Debord, citant notamment l'exemple de la taxe carbone.
Parmi les dossiers en cours, celui de la taxe carbone apparaît, pour une bonne partie de la majorité, comme le plus urgent… à abandonner. Pour M. Copé, "elle sera européenne ou elle ne sera pas".
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, estime, pour sa part, qu'"elle est passée au dernier budget sans avoir été examinée comme elle l'aurait mérité". Remise en chantier du fait de la censure du Conseil constitutionnel, elle doit faire l'objet d'un nouveau texte. "Je pense que ça va être très compliqué", note M. Accoyer.
La majorité veut se concentrer sur deux chantiers majeurs : la réforme des retraites et le "cinquième risque", la prise en charge de la dépendance.
Elle n'échappera pas, cependant, à la poursuite des projets mis en circuit comme la réforme des collectivités territoriales ou celle de la justice, potentielles sources de discorde au sein de la majorité. Le mode d'élection des futurs conseillers territoriaux, que la majorité sénatoriale avait encadré par un amendement en première lecture, est ainsi clairement rejeté par les députés de l'UMP. "On aura un différend avec le Sénat", assume M. Accoyer.
De quoi garantir l'ambiance pour les mois à venir.
Patrick Roger
mardi 23 mars 2010
Les députés UMP mettent en cause la "méthode" Sarkozy
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