Aubry tendant la main aux écologistes et taclant Royal ; Cohn-Bendit prêt à changer les Verts : les grandes manoeuvres ont commencé à gauche. Objectif : 2012.
« Ségolène, Ségolène, présidente ! » En dépit de sa retentissante victoire au deuxième tour et de son appel fédérateur à considérer le résultat de la gauche non pas comme « la victoire d'un camp », mais comme « la victoire pour tout le pays », la présidente de Poitou-Charentes risque d'avoir du mal à concrétiser ses ambitions nationales.
Certes présidentiable, Ségolène Royal doit plus que jamais compter sur une Martine Aubry pugnace. En effet, sa légitimité étant sortie renforcée des régionales, la première secrétaire du PS a sonné l'heure des grands manoeuvres dès hier matin.
Ainsi, sur Europe 1, elle a confirmé, à demi-mot, que Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et elle ne seraient pas candidats l'un contre l'autre lors de futures primaires. « On n'a pas eu besoin de passer un accord ; c'est de l'intelligence collective », a-t-elle expliqué avant d'ajouter que « l'un de nous trois » ira présenter aux militants un « projet de société ».
Exit Ségolène donc ? « J'ai toujours dit qu'elle avait un statut à part », a poursuivi Martine Aubry. « Elle se situe un peu au-delà de nous, en dehors de nous. J'attends toujours que Ségolène vienne au coeur du Parti socialiste. »
À l'appel à la soumission lancé par Martine Aubry à l'ex-candidate de la présidentielle 2007 s'en ajoute un autre, à l'intention d'Europe Écologie et du Front de gauche. Ces deux formations, idéologiquement alliées, pourront participer « si elles le souhaitent, aux primaires socialistes pour désigner le candidat du PS à l'élection présidentielle de 2012 ».
L'appel du 22 mars
La proposition de Martine Aubry a finalement suscité peu de réactions. Beaucoup moins en tout cas que les déclarations de Daniel Cohn-Bendit qui, dans Libération de lundi, suggérait la constitution d'une « coopérative politique » associant en vue de la présidentielle « Verts, socialistes, Cap 21, communistes ».
Antoine Waechter et Jean-Marc Governatori, coprésidents de l'Alliance écologiste indépendante (AEI), ont vite répondu « présents », tout comme Cap 21 qui a accueilli, « avec intérêt », l'initiative de Daniel Cohn-Bendit. Du côté des Verts, où l'on se refuse par ailleurs à donner tout blanc-seing aux socialistes, l'enthousiasme a été pour le moins mesuré. Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, a jugé que c'était une « bonne idée », mais que « personne n'avait la science infuse pour 2012 » et que l'idée d'un vaste mouvement écolo était « secondaire ».
« On ne peut pas continuer avec, d'un côté les Verts et, de l'autre côté, une nébuleuse qui s'appelle Europe Écologie, constituée de personnes venues de la société civile. Il faut qu'on arrive à unifier notre mouvement, a répliqué Daniel Cohn-Bendit sur France Inter. Moi, c'est ce que j'appelle le dépassement des Verts, mais surtout pas la dissolution des Verts. » Des Verts que le bouillant Dany estime « taillés pour faire un championnat amateur » alors que l'écologie politique « peut atteindre la Ligue des champions ».
Le mot de la fin (très provisoire) est venu de Jean-Marc Ayrault : « Je lance un appel pour que la sarabande des ego ne recommence pas ; ça, ce serait une très très grave faute. » Dire que le député-maire de Nantes et président du groupe PS à l'Assemblée nationale sera entendu est une chose probable. Affirmer qu'il sera écouté est beaucoup moins sûr.
mardi 23 mars 2010
La gauche, ambitieuse, mais en désordre de marche
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