France 2 a consacré, fait exceptionnel, toute la soirée au destin de Ségolène Royal. Une soirée dans laquelle les journalistes étaient omniprésents et les idées politiques omni-absentes. Un sommet absolu dans la pipolisation ascendante.
Rien. Que dalle. Nada. Pas l’ombre d’une idée politique. Le néant plein et entier. Pendant deux longues heures, « Un jour, un destin », l’émission de France 2 qui prétendait révéler ce soir les « secrets d’une ambition », celle de Ségolène Royal (1), a offert aux téléspectateurs un roman à l’eau de rose difficile à digérer : le roman du néant. Des dizaines d’interlocuteurs, des mois d’enquêtes et, au final, rien de nouveau sur l’ancienne candidate à la présidentielle. Comme si les auteurs s’étaient contentés de mettre en images sa fiche Wikipedia, mais agrémenté à la détestable sauce Gala.
Il faut tout de même reconnaître un mérite à l’émission présentée par Laurent Delahousse : révéler que la dame du Poitou — qui a souvent été accusée de mettre en scène sa vie sur papier glacé — ne fait peut-être finalement que nourrir la bête que sont les médias. Des médias avides de pipoleries, de sentimentalisme à trois euros six cents. À commencer par ceux qui ont commis ce documentaire. Ils réussissent un véritable tour de force en réunissant un parterre de collaborateurs de Ségolène Royal et de responsables politiques allant de Pierre Moscovici à Dominique de Villepin et que leur demandent-ils ? De parler de la « star », du « phénomène » ! De l’enfant élevée à la dure, de la femme blessée !
Les auteurs de ce roman du néant sont-ils les seuls responsables ? Il faut croire que non. Les journalistes politiques convoqués pour commenter le « destin » de la candidate à l’Elysée, semblent le plus souvent se prêter au jeu : la politique pour eux, c'est du roman ! Même Yves Thréard, l’éditorialiste figaresque est de la partie ! C’est à désespérer. On saura tout de son couple avec François Hollande, de leur symbiose passée, de leurs déchirements présents. Mais de ses idées ? Néant. À tel point qu’on en viendrait presque à penser — c’est peut-être là l’objectif — qu’elle n’en a jamais eu… Quand bien même elle aurait le début du prémice d’une petite idée politique, ils s’en foutraient ! Ce qui compte, c’est l’animal politique «closerisé» et «closerisable» !
Et au bal des dadais qui ne vivent plus la politique qu'à la manière d'un roman Harlequin, Laurent Delahousse est le premier à se poser là. Après près d’une heure trente de « saga Ségolène », notre homme la reçoit en tête-à-tête. Que lui demande-t-il d’entrée ? Si elle « prend comme un compliment » d’être considérée comme une « star » plutôt que comme une « femme politique » ? Le bougre enchaîne : sa mère, son père militaire, leur rupture, sa rupture avec François Hollande, jusqu'à l'écoeurement ! Et la rupture avec le sens des réalités, ils y songent les Delahousse et compagnie ? Et de contribuer chaque jour un peu plus à tuer la politique — la noble, la vraie, qui existe bel et bien — y pensent-ils seulement l’espace d’un instant ? Ils n'en ont rien à faire, assurément : le spectacle du néant est tellement plus esthétique, plus séduisant…
Ndmm: A CHIER,QUOI !
(1) Ségolène Royal est apparemment le premier responsable politique encore en activité à avoir droit à cette émission. Nicolas Sarkozy devrait suivre. On a hâte...
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