TOUT EST DIT

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samedi 15 février 2014

La peur du peuple

La peur du peuple


Donner la parole, c’est la démocratie, mais comme ils en connaissent la réponse, Hollande, Ayrault et Valls ne se risqueront pas à soumettre l’immigration à référendum.
Les Suisses ont pris la parole, participation élevée, résultat serré mais net : 17 cantons ont voté oui à la limitation de l’immigration, 9 ont voté contre. Les institutions et chancelleries européennes, les milieux dirigeants et le gros de la classe politique et médiatique se sont mis à trembler : le “populisme” avait gagné en Suisse (lire aussi page 34) ! Et si ce “populisme” se répandait aussi aux élections européennes… Les Suisses ont voté deux jours avant la réunion d’un nouveau séminaire gouvernemental convoqué par Jean-Marc Ayrault sur l’intégration, ce qui revient au même sujet. Mais pourquoi ne pas donner la parole aux Français plutôt que de débattre entre ministres de rapports qui n’ont d’autre but que de changer les mots pour pouvoir changer la France ?
Donner la parole, c’est la démocratie, mais comme ils en connaissent la réponse d’avance, MM. Hollande, Ayrault et Valls ne prendront pas le risque de soumettre la question à un référendum. Cela tuerait dans l’oeuf leurs projets.
Cette question, Valeurs actuelles avait demandé à l’Ifop de la poser aux Français. Nous en avions publié les réponses dans notre numéro du 14 novembre dernier. Autant les rappeler : 86 % des personnes interrogées répondaient qu’il fallait passer d’une “immigration subie” (la situation actuelle) à une “immigration choisie” (ce que viennent de décider les Suisses) ; 67 % estimaient que l’on en faisait “plus pour les immigrés que pour les Français”, et 37 % seulement pensaient encore que l’immigration était “une chance pour la France”. Or cette enquête, l’Ifop l’avait déjà réalisée en 2006 et 2007, ce qui permettait de constater que le « durcissement de l’opinion », pour reprendre l’expression du directeur de l’institut, s’était accéléré au cours des dernières années et qu’il concernait toutes les composantes de notre spectre politique. Mais un sondage, on peut le passer sous silence, pas un référendum !
Si le résultat est si net chez nous et si serré chez nos voisins suisses, c’est aussi que le contenu de l’immigration n’est pas le même. Chez eux, il s’agit surtout de travailleurs frontaliers qualifiés ; chez nous, l’immigration résulte de l’accueil non maîtrisé de populations qui nous viennent du Maghreb et d’Afrique sahélienne. Malgré cette différence, les Suisses ont dit “stop” à un mouvement qui, en s’amplifiant, pouvait finir par ressembler au nôtre. L’immigration est devenue tout autre chose qu’un déplacement de populations.
C’est ce qu’Élisabeth Schemla a parfaitement analysé, à la lumière de son expérience d’enquêtrice dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, dans un livre, Islam, l’épreuve française (Plon), qui rompt avec les stéréotypes de la pensée toute faite. Quand elle écrit : « En vingt-cinq ans, le noble objectif associé à l’immigration, l’intégration, s’est estompé ; il a cédé la place à un problème anxiogène, l’islamisation », elle heurte de plein fouet la pensée dominante qui préfère ne pas voir. L’immigration fait peur parce qu’elle s’accompagne de l’importation d’une religion et qui plus est « d’une religion en plein essor qui n’a jamais été celle de la France et qu’elle a souvent combattue ».
Élisabeth Schemla traduit par une jolie formule l’anxiété qui frappe un peuple attaché à sa culture : « Les cloches continuent de sonner partout ; mais ici et là, le muezzin nasille déjà. Les unes égrènent le temps qui fuit, l’autre appelle et convertit. » Que demande-t-on au pape François ? « D’être un rempart efficace et déterminé contre la montée de l’islam ».
Et comment s’oppose-t-on à l’islamisation qui s’infiltre “pernicieusement” à travers toutes les fractures de nos sociétés ? Il est vain d’envoyer nos soldats au Mali se battre contre le djihadisme si l’on ne combat pas l’islamisme aussi et surtout sur notre sol, si l’on ne lutte pas avec la même fermeté contre tout ce qui le nourrit, à l’école, dans la rue, au bureau d’aide sociale. Élisabeth Schemla cite ces « politiques musulmanes » défendues par des élus de gauche qui font la promotion du communautarisme. Voyez Delanoë, qui parraine Hidalgo à Paris : il a consacré chaque année 100 000 euros à la rupture du jeûne du ramadan et construit dans le XVIIIe arrondissement un institut culturel islamique pour 22 millions d’euros !
C’est ainsi que la politique de l’immigration s’invite dans la campagne des municipales. On voit bien ce que sont les intentions de la gauche : s’approprier un “électorat musulman” tout en provoquant un gros mouvement “populiste” qui viendrait amputer la droite d’une partie de ses électeurs. 
Devant une aussi grosse ficelle, la droite n’a pas intérêt à somnoler : à elle de saisir le micro — faute de référendum, toute élection est bonne à prendre.

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