TOUT EST DIT

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vendredi 15 mars 2013

Les syndicats voyous


Violences sociales. Ils ruinent l’économie, cassent l’outil de travail, minent le dialogue social… et le gouvernement les amnistie. Enquête sur ces nouveaux intouchables.
Les pneus s’embrasent. Une asphyxiante colonne de fumée noire s’élève jusqu’aux visages casqués de policiers impuissants. Leurs boucliers ne les protègent plus. Ils encaissent les coups, scrutés par des caméras de télévision. Face à des émeutiers vêtus de tee-shirts rouges barrés par l’inscription “Goodyear patrons voyous !”, les policiers subissent une violence déchaînée. Nous sommes le 7 mars, à Rueil-Malmaison. Dix-neuf policiers seront blessés. Comme le 29 janvier, à Namur (Belgique), où les salariés de l’usine ArcelorMittal avaient blessé cinq policiers. Comme le 6 février, quand des salariés des sites européens d’ArcelorMittal avaient convergé vers le Parlement européen. Dans le cortège, la préfecture du Bas-Rhin dénombrait « quelques éléments particulièrement violents et déterminés à blesser et à casser ». Bilan : douze gendarmes et policiers blessés. Illustration de la violence que font régner certains syndicalistes.
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a beau évoquer les risques« d’implosion ou d’explosion sociale » que font courir les syndicats, quel pire signal pouvait adresser le gouvernement aux professionnels de la casse que d’adopter une proposition de loi d’amnistie des faits commis à l’occasion des mouvements sociaux ? « C’est une catastropheun non-sens », déplore Jean- Luc Chauvin, président de l’UPE 13 (Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône). Une “prime à la casse” que cette proposition de loi “pousse-au-crime”, dont la principale conséquence est de renverser le monopole de la violence légitime théorisé par Max Weber… Les effets n’ont pas tardé :« Ce n’est pas un hasard, poursuit Jean-Luc Chauvin. Un policier blessé, ça peut être un accident. Dix-neuf, c’est d’un autre ressort. »
Un tel déferlement de violence ne saurait avoir lieu sans la complaisance de certains “appuis”. À commencer par celui des politiques, par lâcheté ou par calcul, évoquant des “échauffourées” au lieu de combats urbains, insistant sur la “colère”, la “détresse”, le “désarroi” ou le “désespoir” des casseurs, appelant au “dialogue” pour éviter l’“affrontement”… Les médias aussi ont leur part de responsabilité. En avril 2009, les salariés de Continental saccagent la sous-préfecture de Compiègne. Mais les caméras d’une grande chaîne de télévision arrivent trop tard pour saisir l’événement. La scène sera… “rejouée” par les “Conti” pour passer au 20 heures !
« On ne peut pas casser l’outil de travail », prévient pourtant Manuel Valls, rebaptisé « bon petit soldat du capital » par le NPA de Besancenot et Poutou, qui ont appelé à voter… Hollande au second tour de la présidentielle en 2012. Autre cri d’alarme, au vitriol cette fois, venu d’outre-Atlantique : Maurice Taylor, président-directeur général de Titan International, invite les salariés de Goodyear Amiens à « traîner la CGT en justice » (lire page 18).
Car c’est au moins autant leur violence que les conséquences de leur action sur notre économie qui discréditent aujourd’hui les syndicats. Des sites entiers sont paralysés par la surenchère que se livreraient les centrales syndicales, sur fond de concurrence entre la CGT, qui craint d’être débordée sur le terrain des actions, et les autres formations (Sud, FO…). En novembre 2012, une poignée de salariés guidés par des syndicalistes CGT s’opposent au projet d’investissement de 70 millions du chimiste Arkema dans son usine de Pierre-Bénite (Rhône). La somme sera investie dans d’autres sites, en Chine et aux États- Unis. L’usine est pourtant menacée de fermeture. Les exemples de Sea- France, du port de Marseille, dont la compétitivité est assassinée par la CGT (lire page 17), sont à cet égard révélateurs, comme celui de la Société nationale maritime Corse-Méditerranée. En 2009, les marins CGT mènent un conflit de 47 jours qui coûtera 8 millions d’euros à la société, qui enregistrait déjà 15 millions d’euros de perte d’exploitation…
Comme l’a relevé Valeurs ac tuelles la semaine dernière (lire notre encadré ci-dessous), la proposition de loi d’amnistie sociale concerne aussi les débordements financiers des syndicats. Encouragés par l’absence de contrôle — les comités d’entreprise sont, en France, les seules entités à n’avoir pas d’obligation de publication et de certification de leurs comptes, mais doivent simplement établir un “compte-rendu” —, ceux-ci seraient légion, réprimandés par la Cour des comptes (lire aussi page 16)« En France, l’argent est un sujet tabou, relève Nicolas Perruchot, ancien dé puté centriste, auteur d’un rapport sur le financement des organisations syndicales. Mais c’est pire lorsque cela concerne les syndicats… » C’est, ainsi, le comité d’entreprise des cheminots de la Région Paca qui finance l’opération “Un bateau pour Gaza” visant, selon, la CGT, à « dénoncer et briser le siège israélien contre Gaza »
Jamais le politique n’a osé remettre en cause la représentativité des organisations syndicales. L’opinion y est pourtant prête : selon un sondage Ifop-Observatoire de la fiscalité-le Cri du contribuable réalisé en 2011, 76 % des Français jugent que les syndicats français ne représentent pas correctement l’ensemble des salariés. Et 49 % pensent qu’ils doivent être financés uniquement par les cotisations de leurs adhérents. Revendiquant 5,5 millions d’adhérents au sortir de la Seconde Guerre mondiale ( lire page 54, l’article de François d’Orcival sur l’histoire de la CGT), la principale centrale syndicale en comptait moins de 700 000 en 2010. Le nombre de cotisations réelles est en baisse et les syndicats vivent sous perfusion des aides publiques (lire ci-contre notre article sur le rapport Perruchot). Les élus syndicaux sont, en France, au nombre de 650 000, à comparer aux 36 000 maires de commune…
En défilant le 5 mars avec Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche à Paris contre le projet de loi sur l’emploi, qui traduit l’accord passé entre syndicats et patronat, la CGT, FO et FSU ont prouvé qu’ils n’étaient que des opposants stériles. Mais les concessions accordées par l’exécutif, de l’amnistie sociale au projet de constitutionnaliser le dialogue social, promesse de campagne de Hollande, ne font que renforcer l’impression que le calcul politique guide l’action du gouvernement. En souhaitant donner un « signe d’apaisement » avec l’amnistie, ce dernier a choisi de flatter les électeurs mélenchonistes. Mais il encourage les syndicats les plus violents, discréditant ainsi la voie empruntée jadis par FO, au jourd’hui par la CFDT, du syndicalisme réformiste. Un message clair. Qui encourage les casseurs.

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