La France a violé la liberté d’expression en condamnant à une peine, même symbolique, l’homme qui avait brandi une affichette « Casse-toi pov’con » lors d’une visite de Nicolas Sarkozy en 2008 à Laval, a estimé jeudi la Cour européenne des droits de l’Homme.
Hervé Eon n’avait écopé que d’une amende de trente euros avec sursis. Mais selon la Cour, le recours à une sanction pénale était « disproportionné » et risquait même à l’avenir d’avoir un effet « dissuasif sur des interventions satiriques » nécessaires au débat démocratique.
Contrairement à ce que pouvaient espérer les détracteurs du délit d’offense au chef de l’Etat, la Cour a cependant estimé qu’il n’y avait « pas lieu » dans cette affaire de se prononcer de manière plus générale sur la « compatibilité » de ce délit avec la liberté d’expression. Les faits remontent à août 2008, quand, sur le parcours du président de la République de l’époque en visite à Laval, M. Eon avait exhibé un écriteau où était inscrite la célèbre invective.
Ce militant du Parti de Gauche faisait référence au « Casse-toi pov’con » prononcé quelques mois plus tôt par Nicolas Sarkozy lui-même, au Salon de l’agriculture, à l’adresse d’un visiteur qui refusait de lui serrer la main et lui lançait « Touche-moi pas, tu me salis ».
L’échange avait été popularisé dans une vidéo qui avait prospéré sur internet, et les mots du chef de l’Etat avaient ensuite été détournés en slogans hostiles à son encontre. A Laval, Hervé Eon, un ex-travailleur social aujourd’hui âgé de 61 ans, avait été immédiatement interpellé par la police après avoir brandi son écriteau.
Hervé Eon s’est félicité d’avoir eu gain de cause. Mais « le combat politique continue pour qu’on obtienne l’abrogation du délit d’offense au chef de l’Etat, qui est complètement désuet », a-t-il dit. La CEDH n’a pas accordé d’indemnités à Hervé Eon.
La France dispose de trois mois pour demander le réexamen de l’affaire devant la Cour européenne.
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