vendredi 15 mars 2013
La surprise du Saint-Esprit
La surprise du Saint-Esprit
Une énorme, une immense surprise. L’étonnement qui a marqué le monde à l’annonce de l’élection du Pape François était parfaitement visible, mercredi soir, place Saint-Pierre, où, à la liesse provoquée par la fumée blanche, a succédé un instant – oh ! un bref instant, certes – de stupeur, lorsque le cardinal protodiacre, le Français Jean-Louis Tauran, a donné, d’une voix rapide et saccadée, sans l’emphase habituelle à ses prédécesseurs, le nom de l’élu : « (…) Dominum Jorge Mario, Sanctæ Romanæ Ecclesiæ Cardinalem Bergoglio (…) », et précisé le nom choisi : François.
Une surprise, qui est comme le battement d’aile par lequel le Saint-Esprit se manifeste régulièrement, pour peu que nous y soyons attentifs, dans l’histoire, et marque le peu de cas qu’il fait de nos calculs manifestement trop humains. Et tant pis pour les rodomontades de certains commentateurs jouant contre l’esprit de surprise, et affirmant sans rire que, en 1978 déjà, l’élection du cardinal Wojtyla n’avait été une surprise que pour ceux qui ne connaissent rien à la Curie. En réalité, il n’y a pas de surprise pour les familiers du Saint-Esprit – espèce très rare, je présume – parce qu’ils savent que la surprise est habituelle, si je puis ainsi m’exprimer, au Saint-Esprit.
Aussi l’important est-il, pour le peuple romain comme pour tout le peuple catholique, d’en rester à l’impression première, celle de la joie d’enfants auxquels un père est rendu !
Car, pour ce qui est de la surprise, le Pape François en rajoute : le choix d’un nom, jamais usité sur le siège de Pierre, le choix cardinalice d’un continent, l’Amérique latine, et d’une congrégation, les Jésuites, jamais choisis, son apparition à la loggia dans la simple soutane blanche des papes, sa première intervention toute imprégnée de prière, la prière simple d’un enfant de Dieu, la prière du serviteur des serviteurs de Dieu.
En outre, le Pape François « interpelle » – comme disent les communicants aujourd’hui. La droite et la gauche – si cette terminologie signifie encore quelque chose… – semblent se le renvoyer, depuis qu’il est apparu dans la nuit romaine, comme s’ils ne savaient comment le classifier.
Mais, après tout, un Pape a-t-il à être classifié ? Pourquoi ne pas se demander tout bonnement alors, si Dieu est de gauche – ou tout autre considération similaire ?
On le décrit tout à la fois comme anti-ratzingerien et partisan de l’élection de Benoit XVI – ce qui résume son statut d’électron libre. C’est un homme simple, plus près des pauvres que des puissants, mais opposé, jusqu’à la neutralité qu’on lui reproche envers la dictature, au communisme, ne manifestant aucun intérêt pour la liturgie, et de ce fait pour le motu proprio Summorum Pontificum… Etc.
La liste des points supposés positifs ou négatifs, en tout cas manifestement contradictoires, s’allonge sans cesse depuis qu’il a été élu, et que, réputé peu communicant, il est devenu la coqueluche d’internet et des media.
En réalité, chacun s’inquiète de ce qu’il pourrait ne pas correspondre à ce qu’il attend, et se fonde, pour cela, de ce qu’il sait, ou suppose, du cardinal-archevêque de Buenos Aires.
Je ne sais si le rationalisme européen est bien fait pour juger – puisqu’on en est là… – un Argentin. Je ne suis d’ailleurs pas sûr de la validité de la démarche. Elle est un peu trop démocratique à mon goût.
Mais au-delà de ces considérations, puis-je rappeler, au risque de me répéter, que le cardinal Mastaï, lorsqu’il fut élu, était réputélibéral, et que le pontificat de Pie IX n’en laisse rien voir ?
Quoi qu’il en soit, c’est le choix du Saint-Esprit. Et la seule manière réelle de répondre à nos interrogations serait de savoir ce que, aujourd’hui, le Saint-Esprit veut pour l’Eglise…
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