TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 2 mars 2013

Quand la peur est mauvaise conseillère: pourquoi les politiques d'austérité ne marchent pas dans la zone euro


Depuis 2011, les pays de l’Europe du Sud ont été poussés à mener des politiques d’austérité très dures. Mais quelles sont les forces qui les ont réellement conduites à mener ces politiques ?, se dont demandés les économistes Paul de Grauwe, professeur à la London School of Economics et Yuemei Ji de l’Université de Louvain. Sur le site de Vox, ils en arrivent à la conclusion que ce sont des mouvements de panique des marchés financiers qui ont été le facteur déclenchant de ces politiques.
Les deux économistes reprennent un graphique qui avait été établi par le Financial Times, et qui avait démontré la corrélation positive entre les taux d’intérêts sur la dette souveraine des pays et l’intensité des politiques d’austérité. Plus les taux d’intérêt étaient élevés, et plus les politiques étaient sévères ; ainsi, en 2011, les mesures d’austérité de la Grèce, pays qui connaissait les taux d’intérêt les plus forts, étaient les plus drastiques, avec un impact de plus de 10% du PIB par tête.
Les deux chercheurs ont étudié la réaction de l’annonce de la Banque Centrale Européenne (BCE) en juillet 2012 d’apporter un soutien inconditionnel aux pays qui rencontreraient des difficultés de financement sur les marchés financiers. Cette décision de la BCE a permis la détente des taux d’intérêt, mais elle n'a pas eu d'influence sur les fondamentaux et les ratios de dette rapportées au PIB ont continuer à se dégrader.
De Grauwe et Ji concluent donc que ce sont les mouvements de panique sur les marchés qui ont mené à la hausse des taux d’intérêt, ce qui a forcé les dirigeants à adopter des politiques d’austérité d’autant plus sévères que ces hausses étaient fortes. La conduite de ces politiques était également motivée par les crises de liquidité que ces pays ont connues à la suite de ces hausses de taux d’intérêt, et qui étaient obligés de faire montre de leurs efforts avant de solliciter les créanciers pour qu’ils leur prêtent de l’argent.
Mais les deux économistes indiquent également que les pays qui ont appliqué ces mesures d’austérité ont aussi vu leur ratio d’endettement comparé au PIB se dégrader. Plus les politiques d’austérité étaient sévères, plus le déclin de ce rapport était fort. Non seulement ces mesures d’austérité ont produit de la récession dans les pays qui y étaient soumis, mais elles se sont révélées totalement inefficaces, et ont même empiré la situation, mettant parfois ces pays dans l’incapacité d’honorer leurs échéances d’emprunt. La crise de liquidité qui a démarré tout ceci risque de dégénérer en une crise d’insolvabilité, écrivent-ils.
De Grauwe et Ji tirent 3 conclusions de cette analyse :
✓ Depuis le début de la crise financière, les marchés financiers ont donc acquis le grand pouvoir de répandre la panique au sein des autorités européennes, dont la Commission Européenne, qui ont poussé ces pays à adopter ces mesures d’austérité.
✓ La panique et la peur ne sont pas de bons guides pour la politique économique. Elles ont forcé les pays du Sud de la zone euro à adopter des politiques d’austérité qui ont échoué. Ces pays ont effectivement besoin d’adopter ces mesures, mais l’intensité de celles-ci ne devrait pas être conditionnée par des mouvements de panique des marchés, mais refléter plutôt le résultat d’un processus de décision politique rationnel.
✓ Les marchés financiers n’ont pas indiqué aux pays du nord qu’ils devaient stimuler leurs économies, ce qui a conduit à une déflation qui a mené la zone euro à une récession en double creux.
Ce qui serait souhaitable pour la zone euro, c’est que les pays du Sud étalent leur politique d’austérité sur une plus longue période, tandis que les pays du nord mènent des politiques de stimuli fiscaux pour juguler les tensions déflationnistes provenant des pays du Sud. L’Allemagne pourrait s’autoriser un déficit budgétaire de 3% qui lui permettrait de conserver le même rapport entre son endettement et son PIB, tout en stimulant l’ensemble de la zone euro.

    0 commentaires: