mercredi 27 mars 2013
Printemps français et résistance chrétienne
Printemps français et résistance chrétienne
On se souvient du communiqué de l’Elysée après le 13 janvier sur la « manifestation consistante »… Ce 24 mars, la réplique du pays réel est revenue plus forte encore : — Non, Monsieur le Président, c’est une Contre-Révolution ! C’était le thème des Assises de la résistance chrétienne proposées par l’abbé de Tanouärn à la veille de ces Rameaux historiques.
« Ne soyons pas naïfs :… il ne s’agit pas d’un simple projet législatif mais d’une “movida” du père du mensonge qui prétend embrouiller et tromper les enfants de Dieu », avertissait déjà en 2010 notre futur pape François à propos du même projet de « mariage » gay en Argentine. Contre cette « movida » s’est tardivement levé en France un laïcat catholique responsable, encouragé par ses évêques, capable de relever le peuple français et faire école, à certaines conditions. Sans en celer les faiblesses et la vulnérabilité, tâchons de discerner les potentialités politiques de ce réveil aussi inattendu que ce pape, où le vert de l’espérance réapparaît néanmoins au bout de l’arbre de vie national. Quelle que soit l’issue législative de cette guerre du mariage, une prise de conscience est née. Il ne s’agit plus en effet de s’opposer simplement à un (nouveau) projet de loi mortifère mais au ressort même d’une « praxis » qui est celle de la Révolution, dont l’Inspirateur est menteur et homicide dès le commencement. Le « mariage » gay n’est que l’ultime avatar d’un « effet domino », qui a débuté notamment avec les lois Neuwirth, Chirac-Veil… et appelé à se prolonger toujours plus jusqu’à la dissolution finale de la famille dans la théorie du genre. Il s’agit donc pour nous d’opposer à la dictature du relativisme qui porte tous ces projets la seule attitude intellectuelle et morale qui convienne, dont Soljénitsyne nous a donné l’exemple avec sa vertu de dissidence.
« Résister en disant la vérité est une question de principe, tout simplement parce qu’on doit le faire, sans calculer si demain ou jamais, cet engagement donnera ses fruits ou sera vain », affirmait également Vaclav Havel. Pour qui redire ainsi la vérité était le seul moyen d’ouvrir une brèche dans le règne du mensonge généralisé du communisme, avec cette conviction que « la graine semée prendra ainsi racine et germera un jour ». Cet apostolat de la dissidence devient aussi une vertu politique dans la mesure où il rompt en l’occurrence avec le mensonge de l’individualisme et du subjectivisme libéraux pour renouer avec la loi naturelle et donc la vérité morale et politique de la famille.
Notre insurrection est la contre-révolution en acte d’un peuple de familles issu du christianisme français. La défense des familles doit s’incarner au temporel dans un sain et légitime communautarisme qui offre à notre (dis)société aussi bien la résistance que la capillarité des anti-corps dans un organisme malade. Benoît XVI parlait d’oasis, d’îlots ou encore d’arches de chrétienté : microchrétientés diffuses au sein de ladissociété totalitaire du laïcisme démocratique ! Dans sa lutte contre les toxines de la culture de mort, l’anti-corps est solidaire du patient national, lui proposant l’ultime moyen de le sauver. Nous sommes dans un parti(-pris) d’opposition qui s’appelle la vie, pour paraphraser Balzac. La vie, en opposition frontale au pouvoir étatique certes, dans une certaine tension nationale, mais la vie organique de familles éclairées et soutenues par la foi. Car ce qui est organique, même dans une certaine désorganisation politique, est plus important et plus fort que ce qui est organisé politiquement dans un funeste mécanisme totalitaire.
Sortir du Panthéon relativiste !
Lorsqu’elles sont en crise majeure, les deux sociétés dites parfaites (1) que sont la Cité et l’Eglise ont besoin de sociétés imparfaites mais organiques pour les régénérer. A l’opposé des communautarismes de mort inspirés par la franc-maçonnerie, cette réaction de survie doit être dans la société politique ce que l’épopée monacale ou les ordres mendiants, par exemple, ont été jadis – ou aujourd’hui encore les communautés traditionnalistes et nouvelles – dans la société ecclésiale… Il ne s’agit pas de faire Cité ou Eglise à part, à la manière d’un Chinatown ou d’un Tradiland, par un communautarisme de mauvais aloi, fermé et autocéphale. Il s’agit, par un ensemble d’actions communautaires multiformes développées en réseaux, lieux et milieux identitaires, de créer unécosystème, comme dit l’abbé de Tanouärn : une écologie humaine qui nous permette d’abord de mieux respirer spirituellement, capable ensuite politiquement de restaurer progressivement notre nation. C’est pour le bien commun national qu’il faut susciter et répandre cet écosystème salutaire autour des familles chrétiennes, comme cela put se faire naguère autour des monastères. « A l’intérieur de la cité technocratique et totalitaire qui règne par la force et par la grimace, nous avons à restaurer une cité fraternelle… une cité temporelle qui, au lieu d’écraser les individus sous la pesanteur des idoles, soit un lieu de passage vers la Cité de Dieu », écrivait Gustave Thibon, peut-être pas si loin du pape François.
Le printemps français ne viendra pas sans une sève catholique analogue à celle des premiers chrétiens dans l’hiver païen : « C’est un chemin plein de loups que je vous montre, et peut-être nous emmènera-t-on devant les tribunaux pour cela ; peut-être pour ceci : pour avoir pris soin de la vie, peut-être nous tueront-ils. Pensons aux martyrs chrétiens. Ils les tuaient pour avoir prêché cet Evangile de la vie, cet Evangile que Jésus nous a apporté. Mais Jésus nous donne la force. En avant ! » pouvait encore exhorter notre futur pape dans une homélie provie de 2005. Si les premiers chrétiens ont été martyrisés pour avoir refusé de faire entrer le Christ dans le Panthéon polythéiste, les chrétiens actuels seront probablement persécutés pour vouloir sortir du Panthéon polymoral des droits de l’homme sans Dieu, où s’est fourvoyé depuis trop longtemps un certain personnel de l’Eglise. Pour rentrer vraiment en résistance, il faut sortir du Panthéon relativiste. De cette sortie sous la houlette d’évêques résolus dépendra le sort la France aussi sûrement qu’une colombe a permis le premier printemps de la France au baptistère de Reims.
(1) Au sens philosophique où ces deux sociétés permettent à l’homme et aux familles de s’accomplir dans les ordres respectifs du temporel et du spirituel. Ce que ne permet pas la société imparfaite de la famille, qui ne possède pas en elle tous les moyens pour atteindre sa propre fin.
REMI FONTAINE
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