mercredi 27 mars 2013
La maladie de la France
La maladie de la France
Notre pays est profondément malade et il faut être d’un aveuglement sans nom pour ne pas s’en rendre compte. Cette souffrance n’est pas seulement de nature économique. Bien entendu, 3,2 millions de chômeurs, c’est épouvantable, mais cela n’explique pas tout. Même sous les bombes, même dans le chaos total, même dans la pire détresse, il est des peuples qui serrent les coudes. Or, notre pays se déchire comme jamais donne les signes d’une véritable crise de nerf nationale: violences invraisemblables envers les manifestants de dimanche dernier, traitement honteux d’un ancien président de la République, effondrement sans précédent historique de la cote du chef de l’Etat et de la confiance des Français, poussée fulgurante du vote protestataire, agressivité généralisée dont témoignent les échanges d’insultes entre Mélenchon et le PS et chaque soir, les plateaux de télévision… La crise est politique, avant d’être économique. L’un des problèmes de fond de notre pays tient à l’absence d’une grande figure impartiale à sa tête, exprimant l’unité de tous les Français et incarnant la nation. Dans la pratique actuelle des institutions – et qui n’est pas nouvelle – , l’occupant de l’Elysée est l’homme d’un parti, d’une majorité, d’une France opposée à une autre. Le président est devenu une sorte de premier ministre amélioré, au four et au moulin, qui gère au quotidien la politique du pays, patron d’une majorité n’ayant de cesse de fustiger l’opposition (ou son prédecesseur), lui-même réceptacle de tous les coups, effaçant par là son chef de gouvernement. Or, le système ne peut pas fonctionner de cette manière: « Dans notre République, c’est le chef de l’Etat qui répond de l’intérêt supérieur et permanent de la France, et de la stabilité des institutions, de la continuité dans la conduite des affaires publiques… Le premier ministre, choisi et nommé par le chef de l’Etat, est, lui, aux prises avec la conjoncture » (De Gaulle, 8 septembre 1968). Le chef de l’Etat ne saurait être neutre puisqu’il est responsable de l’intérêt national et il est normal qu’il prononce « son bon choix » lors des grandes élections. Toutefois, il doit conserver une attitude qui en fasse le garant et le symbole de l’unité du pays, son devoir absolu surtout dans les temps de crise et d’inquiétude. Il est indispensable qu’il prenne, comme le souhaitait le général, ses distances avec l’actualité afin d’exercer depuis l’Elysée son autorité morale de « guide de la France » et d’arbitre, laissant le Premier ministe assurrer le pilotage quotidien de la politique, prendre les coups et assumer l’impopularité. Dans une affaire comme « le mariage pour tous » qui exacerbe les passions, le rôle d’un président de la République était de chercher une issue évitant la fracture à laquelle nous assistons. Le recours au référendum en était une, évidente. Le quinquennat a eu un impact désastreux sur l’équilibre des institutions. Nous n’allons probablement pas revenir dessus pour l’instant, mais il est urgent d’inventer un quinquennat d’un nouveau genre, et de repenser la mission du chef de l’Etat qui ne peut pas être aute chose que le président de tous les Français et devrait, comme le fit Vincent Auriol en 1947 – « je ne suis plus socialiste » déclarait-il après avoir été élu - rompre toute allégeance, toute relation privilégiée avec le parti politique et la majorité dont il est issu.
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