mercredi 5 décembre 2012
Terrain glissant
Terrain glissant
Pendant que la France s'amuse ou s'indigne du duel Copé-Fillon, le
paysage politique bouge, dans un sens peu rassurant. Pour résumer, il y a
les forces qui s'effritent ou s'effondrent. Et celles qui profitent des
circonstances pour rassembler les déçus.
Depuis quinze jours, l'UMP est la championne hors catégories de la
désintégration. Le mal est tel que Nicolas Sarkozy lui-même, qui
s'active sans trop s'exposer, montre les limites de son influence sur un
parti qui est pourtant son enfant. Bravant son impatience, les deux
protagonistes achèvent de se dévaloriser à travers un tête-à-tête
ridicule car interminable.
La création, hier, d'un groupe UMP filloniste, le partage du temps de
parole et des moyens financiers, constituent l'acte 1 d'une
décomposition méthodique : la multiplicité des candidatures, accentuée
par la concurrence de l'UDI de Jean-Louis Borloo, serait la garantie de
perdre les élections locales et présidentielle.
Pour éviter le pire, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet notamment, donnent de la voix pour en finir avec ce statu quo,
pour refaire l'élection et, pourquoi pas, pour élargir la palette des
candidats. Ne furent-ils pas des prétendants évincés dans la course à la
présidence de l'UMP ?
Dans le moins pire des scénarios, la sortie de crise va prendre du
temps, le redressement de l'UMP encore plus. Ce combat d'ego, dans
lequel chacun a sous-estimé l'autre, a négligé l'essentiel : l'analyse
sincère des raisons de l'échec à la présidentielle, la nécessité d'un
projet construit, la réparation de la machine à gagner les élections.
Consciente qu'un adversaire en forme aide à se serrer les coudes, la majorité ne se réjouit pas trop des malheurs de la droite.
Il y a belle lurette que le Front de Gauche a choisi son camp : il vote contre tous les textes importants, au Sénat notamment.
Les écologistes, eux, se divisent entre ceux qui veulent influencer
de l'intérieur la politique du gouvernement, et ceux, de plus en plus
nombreux, qui préfèrent manifester contre leurs... alliés ! L'Europe,
l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le tunnel Lyon-Turin, l'exorbitant
EPR de Flamanville, le crédit d'impôt sont autant de désaccords majeurs
avec François Hollande. Cet attelage Verts-PS ne tient qu'à un fil
électoral, mais un fil d'or qui vaut 29 parlementaires pour 2,31 % des
voix !
Les socialistes eux-mêmes peinent à sauver les apparences. L'épisode
Montebourg, désavoué par le Premier ministre dans le dossier Mittal,
n'est pas qu'affaire de style. Comme l'Europe, le rôle de l'État dans la
mondialisation reste une ligne de fracture au sein de la majorité.
L'aggravation du chômage accentue ces clivages et met le pouvoir dans
une position qui ne fait que des mécontents : d'un côté, ceux qui
travaillent et n'en peuvent plus de payer toujours davantage d'impôts ;
de l'autre, les victimes de la crise qui estiment ne pas bénéficier
assez et assez vite de l'argent public. Les conditions existent pour que
les partis ne soient plus que les porte-voix d'oppositions émiettées et
radicales.
Ainsi, le Rassemblement bleu marine (RBM) de Marine Le Pen propose
d'accueillir tous les patriotes déçus, de droite et de gauche. Elle
parie, plus encore que Jean-Louis Borloo, que la déliquescence des uns
fera le profit des autres. Ouvrons les yeux !
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