mercredi 5 décembre 2012
Sylviane Agacinski avec nous ! ?
Sylviane Agacinski avec nous ! ?
Contre la dénaturation du mariage, la philosophe Sylviane
Agacinski (femme de Lionel Jospin) propose de partir de l’intérêt de
l’enfant. Le 24 novembre, elle s’exprimait en ces termes aux Semaines
Sociales :
« Le problème des enfants à venir, c’est-à-dire des générations
futures, c’est que personne ne les représente sur la scène politique
démocratique. Elles ne peuvent pas manifester. Elles ne sont pas reçues,
pas entendues. Elles ne constituent pas une force. C’est pourquoi avant
de prendre des décisions précipitées en matière de procréation ou de
parenté, il me semble qu’il faudrait entreprendre une réflexion
anthropologique et éthique approfondie, collective, sur le statut des
enfants, sur leurs droits, sur notre responsabilité à leur égard. »
C’est évidemment très juste. Mais, dans l’actuel système
démocratique, il y aurait sans doute un moyen (indirect) de les
représenter et de défendre leurs droits contre les délires actuels d’un
lobby minoritaire : c’est de rénover le suffrage universel. Je
m’explique. Puisque l’on veut soi-disant lutter contre les inégalités et
les discriminations, examinons (selon l’argument ad hominem) cette discrimination flagrante qui les touche.
A la différence des seniors, des millions de personnes mineures ne
sont pas représentés actuellement dans le vote de lois qui engagent leur
futur. Elles ne sont pas prises électoralement en compte, alors
qu’elles représentent l’avenir social et économique de notre pays.
Depuis 2005, par exemple, les personnes majeures sous tutelle,
mentalement déficientes (maladie d’Alzheimer notamment) peuvent être
inscrites sur les listes électorales et voter par l’intermédiaire de
leur tuteur familial (avec l’accord du juge des tutelles). Sans
évidemment faire voter les enfants personnellement, pourquoi ne pas
confier leurs voix à leurs tuteurs légaux, comme la loi l’autorise pour
toute personne majeure concernée par une incapacité psychique ?
En tant que président de Familles de France, le professeur Henri
Joyeux a déjà soulevé cette question. Dans l’actuelle figure de la
pyramide des âges (avec un nombre croissant de seniors et une natalité
en dessous du seuil de renouvellement des générations), les prétendus
représentants du peuple risquent, expliquait-il, de délaisser les
intérêts des jeunes générations pour satisfaire les desiderata d’un
électorat plus âgé et plus nombreux à voter. Si rien n’est fait, nous
risquons d’aller vers une inquiétante gérontocratie : « Cette
situation conduira à des conflits entre générations : les actifs devront
supporter, en plus de leur charge d’enfants, le poids de la dette
publique, la maladie et les retraites des inactifs. »
Cela rejoint exactement, sous un autre aspect, ce que dit
pertinemment Sylviane Agacinski : pour que les enfants soient entendus,
il faudrait qu’ils représentent une force comme les seniors ou les
divers lobbies, autrement dit qu’ils soient capables de voter et de
manifester ! Sinon, qu’ils soient représentés le plus justement
possible. La seule manière de contrebalancer le poids électoral des
seniors (mais aussi celui des lobbies omnipotents), c’est de leur donner
le moyen de voter par l’intermédiaire de leurs parents, qui sont les
premiers responsables de leur avenir.
Le vote pour tous !
Faire évoluer le suffrage universel pour reconnaître le poids des
générations futures, c’est, pour parler comme Duflot, provoquer un « choc de solidarité »
entre les générations. Car la solidarité intergénérationnelle est
réellement menacée par ce déséquilibre du corps électoral. Il s’agit de
réparer une injustice civique sociale et de parer à l’avenir. L’égalité
électorale entre homme et femme (acquise en 1945) n’a pas mis fin à
l’inégalité électorale entre jeunes et vieux citoyens français ! Comme
le slogan « les femmes et les enfants d’abord ! » n’est plus politiquement correct, osons celui-ci en matière électorale : « les femmes et les enfants aussi ! » Il serait judicieux, en effet, de faire bouger à nouveau le suffrage universel vers un « vote pour tous », moins (injustement) discriminatoire, c’est-à-dire plus familial.
Avant d’en considérer les diverses modalités pratiques, défendons
déjà le principe de cette réforme d’un suffrage universel déficient.
L’idée est de le corriger salutairement pour s’approcher d’une
représentation plus réelle et plus juste de la société dans ses cellules
élémentaires que sont les familles. Leur permettre ainsi d’avoir un
poids politique conforme à leur importance et à leur rôle dans la
société contre la dictature des minorités. Une manière
politique, parmi d’autres, de s’orienter vers une démocratie plus
organique qui puisse rompre avec l’individualisme révolutionnaire, qui
tend à défavoriser non seulement l’enfant et la famille, mais aussi la
personne humaine, comme vient de le rappeler le Pape (traduit par
Benoît-et-moi.fr) au Conseil pontifical Justice et Paix. Sylviane
Agacinski avec nous ! ?
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