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vendredi 30 novembre 2012

Antoine d'Agostino, mémoire des Halles de Paris

Du haut de son 1m60, il pourrait passer inaperçu au milieu des 12.000 salariés du de Rungis mais ici, tout le monde le connaît: caviste, organisateur de l'élection de Miss Rungis, Antoine d'Agostino, 76 ans, est la mémoire des Halles de .
"C'est l'homme le plus respecté de Rungis", confie-t-on au zinc du Saint-Hubert, le bistrot où grossistes et acheteurs se croisent au milieu de la nuit, tels des fantômes dans leur blouse blanche.



Les marchés, Antoine d'Agostino les arpente depuis 1950. A 14 ans, il commence avec ses parents primeurs aux Halles de , sous les immenses structures métalliques créées par l'architecte Victor Baltard dans le centre de la capitale.
"Physiquement, c'était difficile. Pour décharger, il fallait dix personnes, ça mettait des heures. Aujourd'hui, un camion, ça ne prend que quelques minutes", raconte le septuagénairel.
Neige, pluie ou froid, les travailleurs de l'aube s'échinaient quand les Parisiens dormaient à poings fermés. Mais malgré les conditions difficiles, Antoine d'Agostino évoque une atmosphère de "rêve": "on voyait beaucoup de personnalités qui finissaient leur nuit par un tour aux Halles. Brigitte Bardot, Jean Marais venaient manger la soupe à l'oignon", raconte-t-il.
"Depuis 60 ans, je me lève à 3 heures du matin"
Des histoires comme ça, "où généralement on finit par casser la croûte", Antoine d'Agostino en a des dizaines. Il faut dire qu'il a vu le soleil se lever des milliers de fois sur le marché de gros. "Depuis 60 ans, je me lève à 03H00", explique-t-il: "quand j'ai dormi trois heures, j'ai fait le plein".
Le déménagement des Halles du coeur de Paris à Rungis (Val-de-Marne), tout près de l'aéroport d'Orly, en 1969, a été un tournant: "On est passé de Zola au troisième millénaire". Modernisation, mise aux normes d'hygiène et de sécurité alimentaire, le site n'a plus rien à voir avec les halles parisiennes immortalisées par Doisneau.
Le commerçant a pris ses marques au sein des 234 hectares du site et tous les jours, sauf le dimanche, il fait le tour des pavillons, saluant les uns et les autres: "Même au café, on fait des affaires", glisse celui qui a ouvert "la cave de Rungis" en 1988.
Il y organise tous les ans le Beaujolais nouveau, un événement que ne ratait pas son "vieux copain" Henri Salvador, "même s'il n'en buvait pas". Le caviste est aussi très actif dans le domaine caritatif, soutenant le téléthon et l'association Lino-Ventura.
"C'est un homme exceptionnel. Généreux, gentil, toujours au service des autres, j'en connais peu comme lui": Geneviève de Fontenay ne tarit pas d'éloges pour celui qui l'aide à organiser l'élection régionale du concours Miss Prestige National, au coeur de l'immense garde-manger.
Peut-être aussi parce qu'il fut son complice, en lui fournissant une dinde qu'elle offrit à l'humoriste Virginie Lemoine qui avait comparé les Miss France au volatile. Revancharde, la dame au chapeau noir et blanc lui avait tendu la dinde en lui lançant "avec vous, cela fera deux"!"
Père de deux enfants et de quatre petits-enfants, dont certains ont attrapé la fibre du commerce, Antoine d'Agostino, 76 ans, ne se voit pas quitter le marché. "On travaille dur mais c'est comme un peloton de cyclistes", évoque ce fan de Raymond Poulidor: "on se tire la bourre pendant la course et après, on va tous boire un verre ensemble".

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