TOUT EST DIT

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vendredi 30 novembre 2012

Agitations montebourgeoises

Décisions à l’emporte-pièce et déclarations guerrières du ministre de redressement productif : il y a décidément du Sarkozy dans cet homme-là !
M. Montebourg, appuyé pour l’occasion par le reste du gouvernement et le Président de la République, a donc signifié à M. Mittal que lui et son groupe n’étaient plus les bienvenus en France et a agité le chiffon rouge d’une nationalisation du site de Florange. Colère d’opérette, petits moulinets de bras frénétiques, décisions à l’emporte-pièce et déclarations guerrières de petit caporal-chef… Il y a décidément du Sarkozy dans cet homme-là !
Évidemment, vues de New Delhi, les déclarations de notre ministre suscitent l’étonnement quand ce n’est pas une certaine forme d’agacement. Étonnement parce qu’on a du mal à comprendre pour quelles obscures raisons, et au regard du taux de chômage que nous nous coltinons, un ministre chargé du « redressement productif » s’en prendrait aussi violemment à un groupe qui génère un peu plus de 20 000 emplois sur son territoire ; agacement parce que le contribuable indien moyen sait qu’il va bientôt devoir financer l’acquisition de 126 Rafales – soit un contrat de quelques milliards d’euros : les hasards du calendrier font que la sortie tonitruante de M. Montebourg intervient au moment même où le groupe Dassault créé sa filiale indienne. On imagine sans peine la stupeur et les cris d’effroi de nos élus si New Delhi, juste pour rire, se piquait de nationaliser ladite filiale dans les mois qui viennent.
Par ailleurs, les roulements de mécanique de M. Montebourg déboulent en « une » des journaux au moment même où l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII) et l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi) lancent leur nouvelle campagne – « Say oui to France » – dont l’objet est, précisément, d’attirer des investisseurs internationaux dans notre beau pays. Il faut préciser ici, que les investissements étrangers sur le territoire national ça n’est rien de moins que 2 millions d’emplois (dont 27 958 créations rien qu’en 2011 [1]), un bon tiers – ô ironie cruelle – de nos exportations et environ 20% des investissements en recherche et développement qui sont réalisés par les entreprises domiciliées en France. Nous finançons donc à grand renfort d’argent public une campagne pour attirer des investissements étrangers tandis que nos ministres se précipitent devant les caméras pour taper à bras raccourcis sur Google, Ferrero (Nutella) et maintenant ArcelorMittal. Bref, à force d’étaler nos règlementations liberticides, nos taxes confiscatoires et notre mépris manifeste de la propriété privée dans la presse internationale, le « Say oui to France » risque de prendre quelques kilos de plomb dans l’aile.
Forcément, un certain nombre de nos voisins – à commencer par ceux d’outre-manche – s’en donnent à cœur joie : Boris Johnson, le très fantasque maire de Londres, s’en est même fait une spécialité, une marque de fabrique : après avoir appelé notre industrie financière – le « véritable ennemi » du Président de la République – à rejoindre la City, il suggère maintenant à Mittal et aux autres investisseurs indiens de prendre le ministre du « redressement productif » au mot et leur déroule le tapis rouge. Ça ne coûte pas le moindre penny et, grâce à M. Montebourg, ça pourrait bien se révéler diablement efficace. On rappellera ici que l’Inde se classait en 2011 au treizième rang des pays qui investissent le plus en France ; principalement des créations d’entreprises dans les secteurs de la technologie et des communications. Manifestement, ces considérations échappent complètement à notre très improbable ministre du non-moins improbable ministère du « redressement productif ».
Le « redressement productif », façon montebourgeoise, consiste donc à taxer et à réguler tout ce qui bouge, à faire fuir tout ce qui ressemble de près ou de loin à une entreprise privée et à subventionner massivement les ruines d’industries d’un autre siècle en attendant de pouvoir fermer nos frontières. On est bien barrés comme disait l’autre…

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