TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 30 novembre 2012

Le volontarisme industriel jusqu'où ?

L'ultimatum d'ArcelorMittal pour éviter la fermeture des hauts fourneaux de Florange prend fin ce vendredi soir, à minuit.
Ce bras de fer qui oppose, depuis deux mois, le géant mondial de l'acier au gouvernement relance, plus largement, le débat autour du sauvetage de l'industrie française. L'État doit-il voler au secours des salariés qui crient leur désarroi dans l'attente d'un repreneur ? Est-il dans son rôle en brandissant la menace de la nationalisation temporaire d'un site historique de la sidérurgie française, gros pourvoyeur d'emplois ? La complexité des réponses renvoie à la complexité du dossier.
Qu'un gouvernement envisage d'accompagner, voire de prendre en main, pour un temps donné, une entreprise en difficulté dans le but d'assurer sa survie n'a rien de choquant. En son temps, Nicolas Sarkozy n'avait pas hésité à agir de manière déterminée pour tirer Alstom d'une passe difficile. Plus récemment, le sauvetage de General Motors, grâce à l'interventionnisme de l'État américain, illustre le bien-fondé de politiques industrielles nées d'une approche plus pragmatique qu'idéologique.
La perspective d'une nationalisation temporaire de Florange a reçu du reste le soutien plutôt appuyé de la classe politique française. À gauche, au centre comme à droite. À l'inverse, elle a été jugée « scandaleuse » par la présidente du Medef. Au moment où les railleries en provenance de l'étranger sur le patriotisme économique des Français sont à prendre au sérieux, cette violente réaction ramène, elle, au fond du débat. Et aux limites du genre et du verbe : les propos incendiaires d'Arnaud Montebourg, le chaud bouillant ministre du Redressement productif, ne servent que trop souvent à jeter de l'huile sur le feu.
À chacun son métier
En s'opposant avec véhémence à ce qu'elle considérerait comme une « expropriation scandaleuse » en cas de fronde de la France contre ArcelorMittal, Laurence Parisot rappelle que ce n'est pas à l'État de se substituer à un entrepreneur quel qu'il soit. Sur le fond, elle a raison. À chacun son métier.
D'ailleurs, l'État en a-t-il les moyens ? À l'heure où les caisses sont vides, quel serait le coût d'une telle opération pour la collectivité ? À quel prix se ferait le rachat éventuel de Florange ? La nouvelle Banque publique d'investissement aura-t-elle vocation à jouer, là, les pompiers de service ? Le flou persiste sur les contours du plan d'action envisagé alors que le gouvernement assure avoir trouvé un repreneur. Pour l'heure, il réfléchit à deux fois avant de s'engager dans la voie d'une nationalisation, même a minima, qui comporte des risques majeurs.
Risque économique. La chute sérieuse (durable ?) de la production européenne d'acier, de l'ordre de 25 % en quatre ans, pourrait conduire tout repreneur potentiel à jeter finalement l'éponge. L'État se retrouverait, à son tour, le bec dans l'eau.
Risque aussi d'ouvrir la boîte de Pandore. Au nom de quoi d'autres entreprises en difficulté ne pourraient-elles pas prétendre à pareil traitement ? Hier, les syndicats des chantiers navals de Saint-Nazaire n'ont pas tardé à lancer un SOS. D'autres pourraient s'engager dans ce sillage. Certes, l'État doit mettre tout en œuvre pour amortir les chocs industriels et les drames humains qui en découlent. Mais si le volontarisme est une qualité indispensable pour gouverner, la nationalisation ne peut en aucun cas être érigée en stratégie. Le jusqu'au-boutisme (d'un ministre) ne mène à rien.

0 commentaires: