Le rendez-vous qu'avait, hier, le Président avec tous les diplomates du Quai d'Orsay, rendez-vous annuel, était, certes, moins spectaculaire que le passage à la Maison-Blanche, mais probablement plus délicat. Car, tout comme le discours de politique générale « pose » ou non l'autorité d'un Premier ministre, la conférence des ambassadeurs oblige le chef de l'État à exposer sa vision et du monde et de la place que, selon lui, la France doit y occuper.
François Hollande a-t-il imprimé, hier, un nouveau cours ? Pas vraiment. Ou pas encore. Accusé d'attentisme sur le dossier syrien, le Président a tenté de reprendre la main en maintenant, en substance, le cap pris par la diplomatie française depuis quinze mois. Rupture définitive avec Assad, soutien à l'opposition syrienne, invocation de l'Onu et déploration des vétos russes et chinois. C'est davantage une politique des petits pas que la politique arabe dont Paris se targuait par le passé et qui nourrit bien des regrets chez les chrétiens d'Orient, mais cette rupture n'est pas nouvelle.
« Tout dire partout »
Sur le péril nucléaire iranien, sur la menace terroriste au Sahel, sur le caractère irréversible de l'euro ou le pragmatisme qui doit guider la politique méditerranéenne, le Président a tenu des propos que son prédécesseur aurait pu prononcer, les accents volontaristes en moins. Il a même réaffirmé, sans employer le terme, une volonté de rupture avec la Françafrique, d'imposer une « nouvelle donne ». Il a affiché sa détermination, en matière de défense des droits et des libertés, de « tout dire partout ».
L'intention initiale est louable, certes, mais en la matière, le passé l'a montré, ce n'est que sur pièce que l'on peut se forger un jugement. Une certaine continuité était donc perceptible, hier. Et pourtant, entre les lignes, pointaient quelques éléments de nouveauté, à confirmer. François Hollande entend poursuivre le réchauffement des relations avec la Turquie, entamé depuis trois mois. Il ne cultive pas l'amitié spontanée pour Israël que son prédécesseur évoquait volontiers, et il a demandé aux autorités israéliennes de revenir à la négociation avec les Palestiniens.
Plus encore, sur la crise de l'Euro et l'avenir de l'Union européenne, défi majeur, François Hollande est sorti de sa réserve. En se déclarant disponible à ouvrir la discussion sur l'Union politique proposée par Angela Merkel, en prônant davantage de coopérations renforcées et donc une Europe à deux vitesses, celle de la zone euro et le reste. En souhaitant l'implication de la Commission européenne et un contrôle parlementaire accru. Comme Mitterrand, c'est sur l'Europe que Hollande pourrait laisser une trace et marquer une vraie rupture. À condition de convaincre d'abord ses propres troupes.
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