En politique, le présent est la seule connaissance qui soit vraiment
utile. La mémoire ne pèse rien ou si peu, aux États-Unis encore un peu
moins qu’ailleurs, semble-t-il.
Pour Mitt Romney, cette dictature
de l’immédiat est une bénédiction. Elle lui permet de déplacer
radicalement l’axe d’une campagne qui en manquait cruellement et de
mettre la barre «à droite toute!» sans craindre de faire chavirer le
bateau républicain.
À un tout petit peu plus de deux mois de
l’échéance, ce changement de cap est audacieux mais à double tranchant.
Il peut aussi bien rallier les déçus d’Obama qu’effrayer les électeurs
indépendants ou modérés.
En attendant, l’extrémisation de son
programme dans des proportions encore jamais vues depuis un siècle chez
un candidat du «Great Old Party» a relancé une campagne qui patinait
dangereusement. L’ancien gouverneur du Massachusetts a cloué le bec à
ceux qui le disaient trop mou, trop flou, sans envergure. C’était son
premier objectif.
Avec l’idole des partisans du Tea Party, Paul
Ryan, comme colistier, il a choisi de s’allier la frange la plus dure de
son mouvement, celle qui ne reculera devant aucun sacrifice humain pour
arriver à ses fins. En même temps, il a posé sur la table la question
du choix de la société à laquelle aspirent les Américains. Le
6 novembre, ce n’est pas seulement entre deux hommes que les électeurs
devront choisir, mais entre deux programmes et deux visions du monde que
tout oppose.
Privatisation des assurances santé pour les plus
âgés, réduction du rôle de l’Etat à ses basiques fonctions régaliennes,
baisse des impôts pour les plus riches, interdiction de l’avortement
même en cas d’inceste et de viol: tout cela est annoncé et assumé par le
ticket républicain. Et qu’importe que Romney lui-même ait mis en place
hier dans son Etat le système d’assurance-maladie qu’il entend démolir
demain au niveau fédéral, ou qu’il ait défendu les droits des femmes et
des homosexuels. On le sait, ce n’est pas la girouette qui tourne, mais
le vent. Et celui du moment vient clairement de la droite.
mardi 28 août 2012
Au front, à droite
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